PELLÉAS ET MÉLISANDE

Une jeune femme en robe de mariée, un mouchoir taché de sang, une chambre dans laquelle elle s’endort profondément – et qui, l’instant d’après, n’est plus ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. Cette Mélisande n’est pas une énième variation sur la femme fatale fin-de-siècle, énigme funeste pour les hommes qui l’entourent : ici, la perspective traditionnelle se renverse pour adopter son point de vue, la replaçant au centre de son rêve éveillé, peuplé de terreurs et de désirs. La mise en scène, d’une beauté et d’une virtuosité confondantes, suit sa logique surréelle, recomposant sans cesse le cadre de l’action et avançant sur un fil de funambule tendu entre ancrage social et symbolisme, fantasme et matérialité. En 2016, la production visionnaire et engagée de Katie Mitchell avait envoûté les festivaliers ; elle renaît cette année avec un casting largement renouvelé : outre Laurent Naouri, les charismatiques Huw Montague Rendall et Chiara Skerath dans les rôles-titres et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon sous la direction subtile de Susanna Mälkki.

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