“LORSQUE JE COMPOSE, J’AI BESOIN D’IMAGINER UN MONDE FAIT DE SONS”

AcadémieEnoa
jeudi4décembre 2014

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Alors que se déroule en ce moment la dernière phase de l’atelier pour compositeurs, organisé par LOD théâtre musical à Gand dans le cadre des activités du réseau enoa et auquel participent plusieurs anciens académiciens du Festival, Samantha Fernando, jeune compositrice britannique plusieurs fois primée, revient sur son expérience estivale, à Aix.  

Qu’attendiez-vous de l’Atelier Opéra en Création lorsque vous y avez postulé ?

J’avais envie de m’immerger dans le monde de l’opéra pendant dix jours et de rencontrer des artistes d’autres disciplines. J’ai eu l’occasion, auparavant, de prendre part à des ateliers pour compositeurs, mais la création d’un opéra suppose de collaborer avec des metteurs en scène, des dramaturges etc.  Je voulais faire cette expérience et ce, dans un environnement international.

Si vous deviez résumer votre semaine en quatre mots, lesquels choisiriez-vous ?

Réfléchi, excitant, créatif et inspirant.

Avez-vous l’impression que les échanges que vous avez pu avoir avec les participants et les encadrants ont pu changer votre regard sur la composition ?

Tout à fait, nous avons beaucoup parlé de la relation entre le texte et la musique. Aujourd’hui, je pense que l’approche musicale que je ferais d’un livret serait différente. Par ailleurs, c’était enrichissant de parler avec les dramaturges pour comprendre la façon dont ils abordent leur travail, dont ils construisent le texte et d’identifier des parallèles avec la musique. Les discussions que nous avons pu avoir avec Martin Crimp et George Benjamin, qui ont collaboré par le passé, ont également été très intéressantes pour comprendre leur relation dans le travail. Ce sont des exemples qui peuvent servir aux jeunes artistes souhaitant travailler dans l’opéra.

Pensez-vous collaborer avec des artistes que vous avez rencontrés lors de cet atelier ?

Absolument, j’ai rencontré des personnes très intéressantes avec qui j’aimerais collaborer dans le futur.

Est-ce que des images vous viennent en tête lorsque vous composez ?

Ce ne sont pas vraiment des images, j’imagine plutôt des sons. Lorsque je compose, j’ai besoin, avant même d’entamer mon travail, d’imaginer un monde fait de sons dans lequel ma pièce existerait.

Quelles sont vos influences lorsque vous composez ?

Tant de choses ! J’essaie d’être ouverte à toutes les disciplines artistiques. Je vais au théâtre, je vais voir des expositions, des spectacles de danses, des performances, je lis beaucoup. Tout cela nourrit l’inspiration, parfois sans même qu’on s’en rende compte.

Pourriez-vous nous parler d’une commande inhabituelle que vous auriez reçue ?

J’ai travaillé récemment sur une pièce dont le choix des instruments était plutôt curieux. On m’a donné une flûte, une clarinette, un saxophone alto et un violoncelle, ce qui forme un ensemble assez peu courant ! Le défi a été de trouver un équilibre entre ces instruments. Mais j’ai aimé cette expérience, je pense que les contraintes stimulent l’imagination.

Comment traitez-vous la voix dans la composition ?

Il y a deux choses à envisager lorsqu’on travaille avec la voix. Celle-ci peut être un vecteur du texte, il faut alors choisir si on veut que celui-ci soit intelligible ou non pour le public, ou les deux à la fois. Mais la voix peut aussi être traitée comme un instrument qui se fondrait avec les autres, dans le cadre d’un ensemble. Les possibilités sont donc multiples.

Quels sont les défis pour votre génération d’artistes ?

Je pense que l’une des difficultés majeures est de réussir à faire interpréter son œuvre. Il faut aussi apprendre à s’exposer, à rencontrer des artistes avec qui on voudrait travailler et qui seraient disposés à s’investir personnellement et financièrement. Il y a peut-être plus d’opportunités aujourd’hui, mais les parcours professionnels sont moins linéaires. Là est peut-être le défi, mais je pense que tous les participants de cet atelier ont réussi à créer leur propre chemin !

Samantha Fernando présentera ce vendredi 5 décembre une création pour voix, viole de gambe et électronique au cours du concert de clôture de l’atelier sur la composition à Gand.

Propos recueillis par Elise Ortega

>> Retour en vidéo sur la première phase du workshop à Gand

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