JEUNES REPORTERS DANS LES COULISSES DU FESTIVAL

Passerelles
mercredi6février 2013

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Au mois de décembre dernier, six stagiaires de classe de 3e sont venus découvrir le Festival d’Aix-en-Provence de l’intérieur. Au fil d’une semaine trépidante, ils se sont introduits dans un univers inconnu pour eux, à la rencontre des différents services du Festival, et se sont transformés en reporters pour partager leurs impressions sur cette expérience unique !
Le Festival d’Aix-en-Provence se prépare dans plusieurs lieux : à Paris, à Aix-en-Provence et à Venelles. Nos six stagiaires ont eu la chance de découvrir ces trois univers tout à la fois, en visitant les bureaux aixois ainsi que les ateliers de Venelles, et en rencontrant les équipes parisiennes qui étaient alors de passage à Aix-en-Provence.

LES ATELIERS DE VENELLES : À LA DÉCOUVERTE DE L’ENVERS DU DÉCOR

Aux ateliers de Venelles, où sont élaborés et construits les décors des spectacles, nos reporters ont arpenté les coulisses de la création et relatent les rencontres qu’ils y ont faites…

On trouve à Venelles les ateliers du Festival : la serrurerie, la menuiserie, la décoration. Y sont représentés également la machinerie, l’éclairage, les plannings, le bureau d’études, la tournée, les accessoires, les costumes, la logistique et la sécurité, et le son et la vidéo. Chaque service a un responsable. Le directeur technique est Josep Folch, et son adjoint est Philippe Delcroix. Tous deux dirigent l’ensemble des opérations et répartissent les tâches lors de réunions.
Il n’y a aux ateliers qu’une dizaine de personnes fixes ; les autres sont des intermittents, qui viennent travailler avec eux durant l’année, et partent parfois en tournée avec les décors et/ou les costumes de certains spectacles. C’est Frédéric Amiel qui est chargé de ce service.

Voici les différents métiers qui nous ont été présentés :

Responsable des plannings
Mathilde s’occupe des plannings. Elle coordonne les programmes de toutes les répétitions et spectacles […]. Elle aide également Frédéric Amiel, le régisseur des tournées.

Chef électricien
Jean-Pascal Gauchais est responsable des équipements d’éclairage. Il s’occupe également du personnel du montage lumière, et de la coordination entre le service technique et le service artistique : il échange ses idées avec l’éclairagiste de la production, et ensemble ils trouvent un accord.

Chef machiniste
Bull Keller s’occupe des décors, du cintre (effets qui viennent du plafond, comme les rideaux) [dont] il est responsable [sur] tous les lieux : il est en contact avec tous les responsables machinistes et toutes les équipes. Il s’occupe également des nouveaux projets avec le bureau d’études. A tout cela s’ajoute le suivi de la construction, quand celle-ci a démarré : il cherche à obtenir un décor qui soit le plus facile à déplacer possible. C’est lui aussi qui s’occupe  du parc machinerie, parmi lequel se trouvent les tampons (apparition / disparition de la scène) et les roulettes « monte et baisse » (permettent de déplacer facilement un objet sur scène et de le surélever).

Dessinateur au bureau d’études
David procède par étape : il regarde d’abord la maquette du projet sous tous les angles, et imagine de cette façon comment la fabriquer. Il fait ensuite les plans de la maquette sur ordinateur, et cherche les matériaux qui seraient nécessaires aux constructeurs. Son but est simple : trouver la bonne combinaison pour faire croire au spectateur que tout est vrai, en partant du faux.

Hugo et Clara

LE PALAIS DE L’ARCHEVÊCHÉ, FIEF DE L’ADMINISTRATION DU FESTIVAL ET DES RELATIONS AVEC LES PUBLICS

Nos collégiens-reporters ont interrogé de nombreux acteurs du Festival, qui travaillent toute l’année dans les bureaux de l’Archevêché à la mise en œuvre de l’évènement.

Attaché aux relations avec le public et aux collectivités : kézako ?
Nous sommes allés rendre visite à Cyril Eyriey qui est attaché aux relations avec le public et aux collectivités. Tout d’abord, en y allant nous ne savions pas vraiment quoi lui poser comme questions, mais grâce à ses explications nous nous sommes rendus compte que son métier comportait une multitude de facettes très différentes les unes des autres. Il nous a raconté qu’il travaillait avec les « tour operators » : il doit donc démarcher les agences de voyages pour qu’elles achètent des places de spectacle et les incluent dans leurs offres de voyages, et il doit aussi s’occuper de vendre les places au grand public. Lors des captations (l’été, Arte et France 2 viennent filmer les opéras pour les diffuser) il doit se débrouiller pour déplacer au mieux les personnes ayant acheté leurs places, les caméras étant placées sur les places de ces personnes. Il nous a même raconté une anecdote : un jour, lors d’une captation, un Président de la République décide de venir voir un spectacle. […] Il faut donc libérer une dizaine de […] places, or une caméra se trouve à cet endroit et il faut donc la déplacer […]. Le jour du spectacle arrive, et on apprend que le président ne pourra pas venir […]. Il faut alors déplacer à nouveau tout le matériel…  etc !

Protocole et accueil, mission VIP
Sophie Ragot s’occupe du protocole et de l’accueil. Les représentations des pièces d’opéra organisées par le Festival s’organisent dans différents lieux d’Aix (ex : Grand St Jean; Théâtre du Jeu de Paume; Palais de l’Archevêché…). Sophie s’occupe du placement des catégories «plus», c’est-à-dire les VIP. C’est aussi elle qui choisit les hôtes et les hôtesses d’accueil qui seront les premières personnes qui représenteront le festival pour le public. Ces hôtes, principalement des jeunes, sont aussi chargés de la sécurité pendant les spectacles.

Le mécénat individuel, des amis qui nous veulent du bien !
Nous avons rencontré Charlotte Jumelin qui travail au service de mécénat individuel du Festival. Elle nous a parlé de son métier qui consiste principalement à démarcher des personnes fortunées afin d’obtenir des dons pour le festival. En échange, les mécènes sont mieux accueillis et disposent d’un accès prioritaire aux places pour les spectacles qu’ils souhaitent voir, et aussi, 60% de leur don est déduit de leurs impôts. Aujourd’hui, le club des mécènes compte 270 membres français mais aussi étrangers.

Le mécénat d’entreprise : un enjeu de poids
Nous avons rencontré Maria Ott-Nancy qui est chargée du mécénat d’entreprise [régional], ce qui est très différent du mécénat individuel. Elle nous a tout d’abord rappelé que le festival s’autofinance à 65%, ce qui est plutôt rare pour un événement de ce genre. Ces 65%  viennent de la billetterie, du mécénat individuel et du mécénat d’entreprise. Il reste donc 35% financés par l’Etat, la mairie [la CPA, le Conseil général] et la région .
De septembre à décembre, Maria fait de la prospection, elle appelle les mécènes pour récupérer des fonds. En échange de ces dons le festival offre aux entreprises des places en fonction de la somme donnée et 25% sont déduits de leurs impôts.
De février à avril, elle doit réserver les places pour les mécènes. Il y a par exemple ORANGE, le FIGARO et le PASINO, qui est un des plus anciens collaborateurs du festival,  ou encore le CLUB CAMPRA qui regroupe plusieurs entreprises régionales. Les partenaires  peuvent aussi faire des dons en nature, c’est-à-dire offrir du matériel comme le partenaire CANON qui a [prêté] des photocopieuses au festival.
Des soirées de gala sont également organisées (on les appelle des soirées « prestiges ») pour les entreprises le désirent.
Nous avons demandé à Maria pourquoi elle avait choisi ce métier, elle nous a répondu que c’était un hasard et qu’elle l’aimait beaucoup pour les relations qu’elle doit entretenir avec les mécènes.

LA DIRECTION ARTISTIQUE DU FESTIVAL D’AIX-EN-PROVENCE

Basée à Paris pour la plus grande partie de l’année, la direction artistique du Festival migre vers Aix à l’approche de l’été. Les collégiens-reporters ont toutefois eu la chance de rencontrer quelques figures de proues du Festival, à l’occasion d’une réunion exceptionnelle de l’ensemble des équipes à Aix-en-Provence.

Dramaturge, un métier de passionné
Nous avons eu l’honneur de pouvoir interviewer Alain, le dramaturge du Festival d’Aix. Son rôle au sein du Festival est de proposer son point de vue au sujet des pièces et des concerts qui vont être joués au mois de juillet. Il fait partie de l’équipe artistique mais il est aussi chargé de décrire les pièces lors des conférences de presse afin que le public soit intéressé et aille les voir.

Le Directeur général du Festival
Bernard Foccroulle a pu nous accorder quelques minutes de son précieux temps pour nous parler de son métier :
« Je dirige l’équipe qui choisit la programmation, les metteurs en scène, les chanteurs et les musiciens. Mon rôle est également de m’assurer que nous avons les ressources financières nécessaires. Je fais le lien entre le monde de l’art et la réalité. Je représente le Festival et je dois le faire découvrir. Mon travail consiste aussi à rechercher des partenaires pour coproduire les opéras qui sont très couteux. Le Festival doit aussi séduire un nouveau public comme les enfants, les jeunes ou les publics fragilisés. Mon but est de faire de l’opéra un art vivant en bousculant les habitudes, cela passe par la mise en scène qui est souvent surprenante et qui occupe une grande place dans le ressenti du public. La manière par laquelle je suis arrivé à ce poste est plutôt inattendue : j’ai d’abord fais des études musicales et j’ai enseigné l’orgue au Conservatoire Royal de Bruxelles, puis je suis devenu directeur du Théâtre Royal de la Monnaie et enfin directeur général du Festival d’Aix-en-Provence. »

QUELQUES RENCONTRES IMPROVISÉES DANS LES COULOIRS DU FESTIVAL

Dans les couloirs de l’Archevêché, on peut aussi croiser de nombreux collaborateurs du Festival. C’est l’expérience qu’ont pu faire nos stagiaires, qui ont rencontré à cette occasion des partenaires importants de nos activités.

Interview d’un facteur de pianos
Lors de la livraison d’un piano dans la loge pédagogique du Palais de l’Archevêché, nous avons eu la chance de rencontrer un employé de Pianos Prestige avec qui le Festival travaille en partenariat pour les déplacements et locations de certains pianos utiles à l’association.
Cette profession consiste à rénover, accorder et livrer des pianos. Pianos Prestige est une entreprise qui remplit ces fonctions et qui s’accorde avec des associations comme le Festival d’Art Lyrique d’Aix.
Ce métier, connu sous le nom de « Facteur de pianos » requiert quelques connaissances musicales (avoir fait au moins deux ans de piano) et d’avoir au minimum un niveau bac.
Pour le transport, les livreurs ont le plus souvent leur propre véhicule qui est généralement de grande taille pour accueillir des pianos de tous genres. Ils parcourent plusieurs kilomètres pour effectuer certaines livraisons, comme pour le trajet Aix-Paris, et vont jusqu’à se déplacer à l’étranger.
Christian, le facteur de pianos que nous avons eu l’honneur d’interviewer, nous a livré l’origine de sa décision de pratiquer ce métier : « C’est arrivé tout à fait par hasard : un jour, je suis entré dans magasin de musique et  j’ai découvert plusieurs instruments, dont le piano. Et c’est alors, que je me suis tourné vers cet univers musical et cette profession : Facteur de pianos. »

Marie et Julie

EXTRAIT DE L’INTERVIEW DU « QUATUOR BELA »

Nous entrons entre deux répétitions dans la loge pédagogique où répètent les quatre musiciens…

Question : Quand avez-vous commencé la musique ?
Réponse : Nous avons tous débuté la musique vers 6 ou 7 ans au conservatoire, chacun dans sa ville d’origine.

Q : Comment vous êtes vous rencontrés ?
R : Nous nous sommes rencontrés il y a 15 ans au conservatoire supérieur de Lyon; nous avions à l’époque une vingtaine d’années. Nous jouons en quatuor depuis environ 7 ans. Nous nous sommes regroupés pour défendre la musique « moderne ».

Q : Qu’est-ce qui vous a amenés à travailler avec le Festival d’Aix ?
R : Comme nous vous l’avons dit notre quatuor est basé à Lyon, mais l’un d’entre nous a déménagé à Aix-en-Provence. Le Festival étant un des plus grands événements culturel du territoire et même d’Europe, nous avons été amenés à collaborer et nous en sommes très heureux ! (rires)

Q : Pouvez vous nous parler de votre quatuor ?
R : Notre groupe a la particularité de compter dans ses rangs un compositeur, Frédéric Aurier, qui est aussi violoniste tout comme Julien Dieudegard. Il y a aussi Julian Boutin (alto) et Luc Dedreuil (violoncelle), nous sommes tous des musiciens classiques à la base mais nous avons décidé de nous spécialiser dans la musique de ces 50 ou 60 dernières années. Nous interprétons la musique de Frédéric mais aussi celle d’autres compositeurs de musique dite « contemporaine », bien que ce soit une terminologie qui suscite  beaucoup de débats…

Q : Si vous deviez me faire découvrir la musique « contemporaine », quel(s) morceau(x) me conseilleriez vous d’écouter ?
R : Pour moi il y en aurait deux : d’abord, le « Deuxième Quatuor » de Ligeti qui m’a vraiment marqué la première fois que je l’ai entendu en concert, et ensuite « Black Angels » de Georges Crumb
Et bien sûr on ne peut pas omettre « Impression d’Afrique » de Fréderic Aurier ! (rires)

Emile et Emmanuel

A la fin de cette semaine bien remplie, nos reporters nous ont donné leurs impressions sur cette expérience qu’ils ne sont pas près d’oublier…

Emmanuel : « Ce stage m’a ouvert les yeux sur le nombre astronomique de métiers sur lesquels repose un festival d’une telle envergure, cela m’a donné envie de venir voir un opéra cet été. »
Emile : « Cette semaine, j’ai découvert un monde qui m’était inconnu : l’opéra. J’ai pris conscience de l’importance de chacun des métiers du Festival et j’ai appris beaucoup de choses. »
Marie : « Ce stage d’une semaine qui est passé  beaucoup plus vite que je ne le pensais m’a permis de me tourner vers un art nouveau pour moi. Pendant cette semaine, toutes ces découvertes de chacun des milieux  du Festival d’AIX m’ont ouvert l’esprit. Remerciement à tout le personnel qui nous a accueillis dans de bonnes conditions … »
Julie : « Grâce à ce stage, l’opéra m’est apparu très différemment de ce que j’imaginais : jamais je n’aurai cru qu’un festival comme celui-ci puisse accueillir tant de services. J’ai découvert que l’art lyrique ne peut que plaire, car il correspond à chacun. »
Hugo et Clara : « En passant ces quelques jours aux ateliers du Festival, nous avons découvert l’envers du décor : en fait, l’opéra ne se résume pas au spectacle, qui n’est que la dernière étape de cette grande aventure. »