BENJAMIN BRITTEN AU FESTIVAL : AFFINITÉS ÉLECTIVES SOUS LE SIGNE DE LA MODERNITÉ

Histoire du Festival
vendredi6juin 2025

Partager

Ted Huffman et Oliver Leith réalisent cette année une adaptation musicale et dramaturgique de Billy Budd de Benjamin Britten (1913-1976) s’inscrivant dans une longue histoire du Festival d’Aix avec le compositeur britannique le plus marquant du siècle dernier. De ses opéras de poche aux paraboles d’église qui s’insèrent dans la programmation lyrique aixoise, en passant par sa musique vocale, orchestrale ou de chambre jouée parfois dans les églises provençales, tout le répertoire britténien se déploie depuis 1948 à Aix-en-Provence, véritable jumeau méditerranéen d’Aldeburgh, le festival de musique créé par le compositeur en Angleterre à la même époque. Les opéras de Britten ont par la suite toujours fait partie du répertoire du Festival, certains spectacles comptant parmi les réussites les plus marquantes de l’institution – Le Songe d’une nuit d’été, mis en scène par Robert Carsen en 1991 – qui bâtit ainsi une identité lyrique moderne et raffinée.

D’ALDEBURGH À AIX : BRITTEN ET LES PREMIÈRES HEURES DU FESTIVAL

Les hasards du calendrier signent parfois de troublantes correspondances ; en 1948, l’entrepreneur de spectacles Gabriel Dussurget (1903-1997) organise à Aix-en-Provence un premier « festival Mozart », tandis que de l’autre côté de la Manche, le compositeur Benjamin Britten (1913-1976) fonde le Festival d’Aldeburgh. La manifestation provençale présente de la musique de chambre et des œuvres lyriques rares – anciennes ou contemporaines –, la seconde fait entendre à la fois la musique composée par Britten spécialement pour son festival aux côtés d’une série de concerts favorisant les œuvres de Purcell, Mozart ainsi qu’un vaste ensemble de musique ancienne et classique, dans des formats de chambre. Les liens entre les deux festivals témoignent ainsi d’une proximité esthétique et stylistique assez frappante. 

Benjamin Britten se rend d’ailleurs personnellement au Festival d’Aix pour sa cinquième édition, en juillet 1952. Avec son compagnon Peter Pears – créateur du rôle du capitaine Vere dans Billy Budd quelques mois plus tôt –, Britten se produit en récital, retenu comme « l’un des événements marquants » du Festival 1952. Le programme mêle musique ancienne, lieder de Schubert et arrangements personnels de chansons médiévales avec l’une de ses compositions : les Seven Sonnets of Michelangelo (1940). La présence du duo dans la cour de l’Hôtel de Ville, qui accueille fréquemment des récitals, est particulièrement représentative de l’esthétique musicale en vogue à cette époque, et tout particulièrement à Aix : un savant alliage entre musique ancienne et musique contemporaine, le tout présenté dans les écrins intimistes des cours d’hôtel particuliers provençaux.

Le concert a révélé la sensibilité exquise de Peter Pears qui chante avec un art parfait, et le talent de pianiste de Benjamin Britten, qu’il suffit d’entendre un moment pour sentir que c’est de l’intérieur de la musique qu’il nous parle. […] Et c’est ainsi que le Britten-compositeur […] a gardé un contact avec le public par lequel il a rendu à la musique moderne, sans faire de concession, une valeur de langage.

Pierre Moulaert, Dernière Heure, Bruxelles, 30 juillet 1952

Ce même été, Francis Poulenc était également présent au Festival 1952 – et si l’on en croit la presse de l’époque, le compositeur français aurait loué la prestation pianistique de Britten lors de ce récital auquel il assistait.

Au-delà du cadre de ce concert, les œuvres de Britten sont régulièrement programmées par le directeur artistique Gabriel Dussurget. Dès 1954, le public aixois peut entendre les Variations sur un thème de Franck Bridge sous la baguette de Herbert von Karajan, alors à la tête du Philharmonia Orchestra de Londres – pour un concert de grande envergure, composé notamment de la Symphonie n°5 de Beethoven, à l’Archevêché. Miroir de Poulenc, auquel on assortit régulièrement ses œuvres, ou bien de compositeurs de la période baroque et classique, Britten est un pilier du répertoire aixois. On donne régulièrement sa Sinfonietta composée en 1932 – sous la direction musicale de Hans Rosbaud à l’été 1956 dans un programme Milhaud-Poulenc-Nono-Britten ; sa Sinfonietta pour orchestre à cordes, op. 52 avec l’Orchestre de chambre de Versailles (concert du 19 juillet 1966). Il fait partie des compositeurs les plus entendus au Festival dans le cadre de son importante programmation de musique de chambre – l’ensemble italien I Musici, présent dès les premières heures du Festival, mêle sa Simple Symphony avec Händel, Bach et Torelli (concert du 12 juillet 1960) ; l’Orchestre de chambre de Hollande, à Bach, Mozart et Albert Roussel (27 juillet 1961) ; enfin, en 1978, le Scottish Chamber Orchestra dédie une soirée à la musique de Mozart, Britten et Schubert au cours de laquelle l’ensemble interprète la Symphonie pour cor et ténor, avec Philip Landgridge. 

Ses œuvres chorales s’insèrent également dans la programmation aixoise, dont les « concerts spirituels » donnés à la Cathédrale ou bien à l’église Saint-Jean de Malte du quartier Mazarin se font l’écho. Entre musique médiévale, musique sacrée ancienne et création, les partitions de Britten trouvent toute leur place à Aix. La Schola Cantorum de l’Université d’Arkansas interprète son Hymn to Saint Cecilia avec la Messe en sol de Poulenc (13 juillet 1966), et sa Ceremony of Carols est également mise à l’honneur en 1969 dans un concert spirituel Poulenc-Britten-Corelli-Händel.

Ainsi, à l’image même des inspirations et des héritages de sa propre musique, Britten a occupé une place très importante dans la structuration de l’identité musicale du Festival d’Aix, puisant ses racines dans la musique ancienne et tourné vers son siècle, dans des formats intimistes et chambristes.

Benjamin Britten et Peter Pears — Festival d'Aix-en-Provence 1952 © DR

Benjamin Britten et Peter Pears — Festival d'Aix-en-Provence 1952 © DR

Programme de salle Benjamin Britten et Peter Pears — Festival d'Aix-en-Provence 1952

Programme de salle Benjamin Britten et Peter Pears — Festival d'Aix-en-Provence 1952

UNE ENTRÉE TARDIVE DU RÉPERTOIRE LYRIQUE DE BRITTEN AU FESTIVAL

Plus paradoxalement, les œuvres lyriques composées par Britten n’entrent pas immédiatement au répertoire du Festival d’Aix, alors même que leur esthétique correspondait au modèle aixois – notamment avec les partitions de chamber opera (les « opéras de chambre »). Il faut attendre 1970 pour que les premiers titres de Britten rejoignent la programmation lyrique.

Roger Bigonnet et Gabriel Dussurget cherchent à faire du Festival un centre de l’opéra français, et admirent particulièrement la démarche de Britten, qui a fait émerger à Aldeburgh un lieu de création d’opéra de tradition britannique avec l’English Opera Group (troupe créée en 1946). Ils souhaitent engager Aix sur la même voie, en commandant des opéras à des compositeurs français – mais cette politique est coûteuse. Le Téléphone de Menotti et La Voix humaine de Poulenc sont représentés respectivement en 1951 et 1960, puis Les Malheurs d’Orphée de Milhaud en 1962, pour représenter les tendances les plus contemporaines de la musique lyrique, au milieu des œuvres de Mozart, Monteverdi et Rameau. Les premières créations françaises à Aix arrivent dans les années 1960, d’abord avec Lavinia d’Henry Barraud (1961), puis Béatrice de Planissolas de Jacques Charpentier (1970). Cette dynamique répond à la demande de plus en plus pressante de la part de la direction de la Musique à la fin des années 1960, incarnée en la personne de Marcel Landowski, de faire apparaître des œuvres contemporaines aux programmes du Festival pour en renforcer le rayonnement. La programmation d’opéras de Britten répond donc à cette politique culturelle en faveur du renforcement des opéras contemporains à Aix.

Après de longues négociations avec l’English Opera Group, ce sont finalement deux des œuvres les plus récentes du catalogue de Britten qui sont choisies, parmi ses « paraboles d’église ». La troupe a entamé une tournée pour faire face à des difficultés financières et fait escale à Aix à l’été 1970. Initialement prévues pour le mois de juillet 1969 en l’abbaye de Silvacane, ces représentations se tiennent finalement dans la basilique de Saint-Maximin, où le Festival d’Aix organise chaque été depuis 1965 des soirées de musique françaises et d’orgue. La nef de Saint-Maximin, plus grande que celle de Silvacane, peut accueillir la scénographie complète de Curlew River (opéra créé en 1964) le 13 juillet au soir, puis celle du Prodigal Son (opéra créé en 1968) le 15 juillet.

L’événement est pour le moins rare, car ces œuvres de Benjamin Britten n’ont été que très peu données dans l’Hexagone – on entend seulement pour la deuxième fois en France The Prodigal Son depuis sa création. Jacques Longchampt fait la chronique de cet événement dans Le Monde, le 20 juillet 1970 : « Le mysticisme harmonieux, la tendresse sereine de la basilique royale, étaient un cadre rêvé pour les Paraboles de Benjamin Britten, la Rivière au courlis et le Fils prodigue, joués par lincomparable English Opéra Group. » La fraction de l’English Opera Group en tournée est composée de David Hartley, Benjamin Luxon, Bryan Drake, Bernard Dickerson et John Winfiel, sous la direction de Viola Tunnard – fidèle collaboratrice et arrangeuse de Britten. 

La mise en scène de Colin Graham fait grande impression sur le public privilégié de 250 personnes pour chaque représentation, qui découvre le mélange musical subtil de Britten entre musiques occidentales et orientales : « La belle scène de la vêture avec cette musique si fine, délicieusement parfumée de grégorien et de senteurs orientales, avec de légers décalages entre les instruments comme des jeux de résonances », marque particulièrement Jacques Longchampt. La musique tout autant que la mise en scène stylisée séduisent : 

Tandis que les moines viennent en procession prendre place sur la petite scène ronde inclinée en chantant un hymne grégorien, dans le fond de la basilique résonne la voix du tentateur caricaturant lamen final ; habillé d’une robe brillante que semble lécher le feu de l’enfer, le visage enveloppé de flammèches noires comme un démon chinois, il sème le doute par ses discours ponctués de longues tenues dorgue et des coups cinglants de cymbale suspendue, tandis que les moines font le gros dos sous l’attaque.

Nul doute : ces deux représentations sont un événement pour le Festival tout comme pour l’introduction de la musique lyrique de Britten en France. Elles favorisent également le positionnement du Festival d’Aix comme un centre de la musique lyrique contemporaine.

Programme de salle Curlew River — Festival d'Aix-en-Provence 1970

Programme de salle Curlew River — Festival d'Aix-en-Provence 1970

A MIDSUMMER NIGHT’S DREAM : LE RETOUR DU RÊVE AIXOIS (1991-1992)

Moins présente sous la direction de Bernard Lefort, la musique de Britten est à nouveau un marqueur important de l’esthétique du Festival d’Aix dans les années 1990, sous l’impulsion de Louis Erlo. Ce dernier prête une attention particulière dans sa programmation à la musique mozartienne, et plus généralement à la musique baroque ; dans cette lignée, l’œuvre de Britten s’impose à nouveau comme un choix permettant de porter à la scène le répertoire lyrique du XXe siècle dans une esthétique aux racines classiques. Louis Erlo programme alors Le Songe d’une nuit d’été, composé en 1960 par Britten, dont le livret se fonde sur la pièce de Shakespeare. La production rencontre un véritable succès. « Le songe d’une nuit d’Aix. Le coup déclat que le Festival attendait : Shakespeare résonne de toutes ses musiques dans l’opéra de Britten », titre Le Monde le 21 juillet 1991. Le metteur en scène canadien Robert Carsen fait ses débuts en France avec ce spectacle, lançant sa grande carrière internationale grâce à ce spectacle qui a tourné dans le monde entier après sa création à Aix.  Pour raconter cette histoire féérique faite de désirs et de masques dans la forêt, il imagine non pas une fausse nature, mais un décor qui puisse faire rêver le public ; dans un univers de bleu et de vert, Carsen fait du sol même de l’Archevêché le lit de Tytania et Obéron, et la demi-lune de la scène semble prolongé le ciel étoilé de la cour aixoise. Ces images restent gravées dans la mémoire du public aixois, et font partie des moments les plus marquants de la période de direction de Louis Erlo. Les critiques, dès le soir de la première, sont unanimes : 

Voici le coup déclat que, dans son nouvel élan, [le Festival] méritait : une production de niveau international, dont la mise à la casse, après les cinq représentations aixoises, laisserait inconsolable ; la mise en phase de tous les arts et de tous les talents que l’opéra exige en l’obtenant si rarement ; le plus audacieux spectacle lyrique qu’il nous a été donné de voir depuis longtemps. Étant entendu évidemment qu’on ne décline pas l’audace à Aix comme à la Scala, et que si Stockhausen clairsème les rangs à Milan, Britten, mort en 1976, aurait pu les vider plus encore dans une ville qui célèbre Mozart, Mozart d’abord, depuis plus de quarante ans.

Le Monde, 21 juillet 1991

À nouveau, Aix-en-Provence semble découvrir une musique que l’on donne rarement, mais qui fascine. Louis Erlo a certes fait appel à l’Ensemble orchestral de Paris, mais le Trinity Boys Choir et l’ensemble des chanteurs britanniques sous la direction musicale de Steuart Bedford – qui assure de 1964 à 1998 la direction artistique du Festival d’Aldeburgh ainsi que la création du dernier opéra de Britten, Mort à Venise (1973) – donnent une couleur particulière et une tonalité toute nouvelle à ce spectacle : James Bowman en Obéron, Lilian Watson en Tytania, et tout l’aréopage de personnages comico-érotiques britanniques enchantent Aix.

Ce succès encourage le retour de la production l’été suivant en 1992, cette fois-ci accompagné d’une vague de concerts mettant en valeur la musique de Britten : le Trinity Boys Choir, qui avait fait forte impression dans Le Songe, donnent un grand concert vocal à la cathédrale au cours duquel ils interprètent les Carols de Britten, au milieu d’un programme Pergolèse-Fauré. Trois étés plus tard, Armin Jordan dirige l’Orchestre européen du Festival pour un concert Britten-Mozart-Prokoviev, où l’on peut notamment entendre le cycle pour orchestre et voix Les Illuminations, op.18, interprété par Felicity Lott.

REPORTAGE SUR LE SONGE D'UNE NUIT DÉTÉ MIS EN SCÈNE PAR ROBERT CARSEN EN 1991

Le Songe d’une nuit d’été, Mise en scène Robert Carsen – Festival d’Aix-en-Provence 1991

Le Songe d’une nuit d’été, Mise en scène Robert Carsen – Festival d’Aix-en-Provence 1991 © DR

BRITTEN ET LA MODERNITÉ : LE TOURNANT DU XXIe SIÈCLE

Après le coup déclat de 1991, la relation entre Britten et le Festival est définitivement consacrée ; mais alors qu’elle procédait avant tout d’un goût pour la musique ancienne, et une certaine forme de classicisme, elle se mue progressivement en une façon d’affirmer une grande modernité, correspondant aussi à l’image nouvelle du Festival refondé en 1998. 

Les projets lyriques du nouveau Festival, sous la direction de Stéphane Lissner, incluent, dès 1998, des œuvres de Benjamin Britten : la jeune Académie européenne de musique donne en double représentation un spectacle Dido and Aeneas / Curlew River – rapprochant les musiques des deux compositeurs britanniques Purcell et Britten pour un diptyque britannique dirigé par David Stern et mis en scène par Marcel Bozonnet (Purcell) et Yoshi Oida (Britten). Après son apparition au répertoire du Festival en 1970, c’est donc le retour de la parabole d’église Curlew River. Conçue pour être donnée dans des églises, la parabole de La Rivière aux courlis a ici été transposée sur scène, dans la cour de l’Hôtel Maynier d’Oppède. En lieu et place de l’autel, la fontaine moussue de la cour devient l’élément scénique central. Le ténor Michael Benett conduit la troupe de prêtres-chanteurs sur une scène épurée, rappelant de façon lointaine le théâtre nô duquel Britten s’était inspiré pour la composition de son œuvre. C’est sous le signe de cette moderne simplicité que le Festival d’Aix et sa nouvelle Académie naissent en 1998.

Ce retour de Britten sur la scène lyrique aixoise est accompagné d’un renouveau d’une programmation de concert, et dans des proportions plus étoffées que celles de la musique de chambre. Le Mahler Chamber Orchestra ouvre le bal en 1998, avec un concert dédié à Britten et Schönberg, sous la direction de Daniel Harding. La même formation s’illustre en 2001 dans l’une des productions lyriques les plus marquantes de la période de direction de Lissner : The Turn of the Screw. Le directeur du Festival, après avoir travaillé avec les metteurs en scène de théâtre Peter Brook (Don Giovanni, 1998) ou Klaus Michaël Grüber (L’incoronazione di Poppea, 1999), invite Luc Bondy à mettre en scène l’un des premiers opéras de chambre de Britten (1954), et titre rarement donné. Au Théâtre du Jeu de Paume, les imposants décors de Richard Peduzzi renforcent l’ambiance inquiétante du conte imaginé par Henry James. Mireille Delunsch incarne une troublante gouvernante en charge de l’éducation de deux enfants dans un manoir écossais, que les fantômes de leur précédente préceptrice et de son amant viennent tourmenter. Ces figures terrifiantes et séductrices, blanches et argentées, évoluent auprès des vivants costumés de bleu nuit ; dans cette atmosphère spectrale moderne, l’intensité musicale et dramatique de l’œuvre est portée à merveille par le Mahler Chamber Orchestra conduit par Daniel Harding, dont la virtuosité est toute entière au service de la pertinence dramatique de l’œuvre. Le spectacle est repris en 2005, toujours avec Mireille Delunsch dans le rôle principal – la soprano est alors l’un des piliers de la scène aixoise – et sous la direction de Kazushi Ono à la tête de l’Orchestre de Chambre de La Monnaie.

Passé ce grand moment « britténien » lors de la renaissance du Festival, le London Symphony Orchestra dirigé par Gianandrea Noseda donne un grand concert consacré à Britten pour le centenaire de sa naissance (2013), interprétant notamment sa Sinfonia da Requiem. Sur cette lancée, Bernard Foccroulle programme en 2015 une reprise de la production du Songe d’une nuit d’été de 1991, actant ainsi l’importance du spectacle dans la construction de l’identité et des imaginaires aixois. Kazushi Ono dirige l’Orchestre de l’Opéra national de Lyon, et Sandrine Piau campe une magnifique Tytania, aux côtés du contre-ténor Lawrence Zazzo (Obéron). Près de vingt-cinq années après sa première représentation, le public semble retrouver l’ambiance féérique qui l’avait captivé au début des années 1990, face à la démultiplication comique des intrigues amoureuses et à l’envol des lits d’amour sous le ciel de l’Archevêché.

RETANSMISSION AUDIO DU SONGE D'UNE NUIT DÉTÉ DIRIGÉ PAR KAZUSHI ONO EN 1991

Curlew River, direction musicale David Stern, mise en scène Marcel Bozonnet — Festival d'Aix-en-Provence 1998

Curlew River, direction musicale David Stern, mise en scène Marcel Bozonnet — Festival d'Aix-en-Provence 1998 © DR

 

 

Curlew River, direction musicale David Stern, mise en scène Marcel Bozonnet — Festival d'Aix-en-Provence 1998

Curlew River, direction musicale David Stern, mise en scène Marcel Bozonnet — Festival d'Aix-en-Provence 1998 © DR

2025 : THE STORY OF BILLY BUDD, SAILOR

Dix années après cette reprise, le Festival d’Aix élargit son répertoire en proposant un nouveau chef-d’œuvre de Britten, qui était l’un des premiers opéras composés par le musicien britannique, en 1951. Fidèles à une pratique chère à Britten, qui adaptait régulièrement ses propres opéras pour en donner des versions dans le format adéquat à leur lieu de représentation, Oliver Leith et Ted Huffman ont préparé pour cette édition 2025 une nouvelle version de Billy Budd – plus resserrée et concentrée sur le drame qui frappe le personnage principal, un jeune et beau matelot condamné pour un crime commis involontairement, interrogeant les notions de Bien et de Mal. Le Festival poursuit ainsi son exploration du répertoire lyrique contemporain avec l’œuvre de Britten, dans cette production qui cherche à retrouver les racines folkloriques de la musique en même temps qu’elle invite à questionner le brouillard queer qui entoure l’opéra.

 

Anne Le Berre

EN SAVOIR PLUS SUR THE STORY OF BILLY BUDD, SAILOR