Adolescence(s): projet photo autour du "Trionfo del Tempo e del Disinganno"

Passerelles
mercredi13avril 2016

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Un couple de roses, l’une éclatante et rouge, la seconde asséchée, toutes deux entrelacées sur un lit, défait. Une chambre d’internat obscure, dont le noir est contrarié par un cadre de lumière criarde. Enfin, deux chaises de jardin en tête à tête sous un saule pleureur dégarni, trace (ou songe) qu’un échange à deux, intime et discret s’est tenu là…

Voilà brièvement esquissées quelques images fortes, prises par des lycéennes à l’occasion d’une première étape de travail du projet photographique ADOLESCENCE(S), commencé en janvier 2016 au lycée Cézanne.

Le lycée Cézanne est un partenaire historique de Passerelles : les premiers projets communs remontent, en effet, à la création du service en 2007. Fort de cette expérience, le service éducatif a souhaité mettre en œuvre cette année un projet d’action culturelle large et transversal, inscrit au cœur du lycée, en proposant un atelier artistique autour de l’opéra de Haendel Il Trionfo del Tempo e del Disinganno, au programme du Festival cet été.

Comment aborder avec des lycéennes la question de l’adolescence, période de quête d’identité, marquée par la fragilité et les tâtonnements, cette adolescence que Krzysztof Warlikowski place au cœur de l’oratorio de Haendel ? « La photographie écrit, par la lumière, un instant qui a été et qui n’est plus, une image de ce temps entre l’enfance et la vie adulte. Une passerelle. Un équilibre », nous écrit Vincent Beaume, photographe marseillais avec qui le Festival collabore régulièrement et à qui ce projet a été confié. À travers une série d’ateliers hebdomadaires, il propose à une douzaine de jeunes filles internes au lycée d’observer par la photographie le temps qui passe, les empreintes que celui-ci laissent, autant sur le corps que sur notre paysage quotidien.

Au programme : une photographie, à la chambre noire, d’une vue à partir d’une fenêtre de l’internat. Cette même vue est prise chaque semaine. Ce paysage évolue-t-il ? Une manière de réfléchir au regard que l’on pose sur les paysages ou objets quotidiens tout en découvrant la machinerie d’une chambre noire. Vincent Beaume a également confié à chacune un appareil photo jetable avec pour seule consigne la réalisation, chaque jour, d’une image de leur quotidien. Les jeunes participantes ont aussi pu réaliser leur autoportrait, à partir de boîtes à thé transformées en chambre noire, en photographiant un élément du paysage…

Dans une époque où la photographie instantanée se présente comme le principal moyen de capter le quotidien, la photographie argentique permet de toucher du doigt cette image d’attente (ou latente) qu’impose la pellicule, proposant ainsi une alternative à la démultiplication des images de soi immédiates et virtuelles que nous offrent selfies et appareil numériques…

En attendant un retour sur les prochains ateliers, rendez-vous le 19 mai prochain pour le vernissage de l’exposition, restitution du travail de ces 5 derniers mois à la maison des lycéens du Lycée Cézanne.

Anne-Flavie Germain, attachée au service éducatif

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