Luc Bondy nous a quittés
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Nous apprenons avec une infinie tristesse le décès de Luc Bondy. Nous perdons un très grand artiste, et un ami très cher.
J’ai eu le privilège d’inviter à plusieurs reprises Luc Bondy à la Monnaie et d’y accompagner son travail d’auteur et de metteur en scène. Ses productions de Salome, Reigen, Don Carlos, Wintermärchen ou Julie vivent encore dans la mémoire de tous les spectateurs, sans parler du Così fan tutte qu’il avait mis en scène de manière inoubliable sous la direction de Gerard Mortier en 1983. Sa quintuple collaboration avec Philippe Boesmans a marqué la scène lyrique pendant deux décennies, de L’incoronazione di Poppea (1988) à Yvonne (2009). En 2005, leur opéra Julie avait réuni la Monnaie et le Festival d’Aix.
Auparavant, sous la direction de Stéphane Lissner, Luc Bondy avait mis en scène à Aix The Turn of the Screw ainsi que Hercules de Haendel, deux productions qui demeurent parmi les grands moments de l’histoire de notre Festival.
Il est difficile de décrire l’art de Luc Bondy à l’opéra, tant son invention était spontanée, débarrassée de tout dogmatisme, à la fois fluide, légère et dramatique, traversée d’intuitions fulgurantes, nourrie de la musique autant que du texte, mêlant toujours avec grâce réalisme et étrangeté.
La grâce est la qualité qui me semble le mieux exprimer la personnalité de cet artiste hors du commun, dans toutes les disciplines artistiques qu’il ait abordées.
Avec les équipes du Festival d’Aix, nous nous associons à la profonde tristesse de la famille de Luc Bondy et à l’émotion du monde culturel européen à qui il a tant apporté.
Bernard Foccroulle, Directeur général du Festival d'Aix-en-Provence