L’OPERA SERIA, UN SÉRIEUX GENRE
Partager
Après Ariodante l’été dernier, l’opera seria est à nouveau à l’honneur cette année au Festival d’Aix, avec Alcina de Haendel. Mais au juste, qu’est-ce qu’un « opera seria » ?
Forme qu’on appelle aussi dramma per musica, l’opera seria est un opéra de tradition et de langue italienne, très en vogue dans toute l’Europe au XVIIIème siècle. Et on comprend pourquoi…
Passions dévorantes, tromperies, désespoir, menaces mortelles… comme son nom l’indique, l’opera seria n’est pas une affaire comique – le rire et la légèreté peuvent aller voir ailleurs, du côté de l’opera buffa ou du Singspiel par exemple. Ici, honneur aux émotions graves, aux héros valeureux et à la vertu. Tous ces ingrédients se retrouvent dans Ariodante : un preux chevalier et une chaste princesse s’aiment d’un amour pur, jusqu’à ce qu’un jaloux monte une supercherie, pour faire croire que la jeune fille ne serait, en définitive, pas si chaste… Bien entendu, la vérité finit par triompher (l’heure n’est pas au tragique), mais entre-temps bien des larmes auront été versées et des lamenti chantés.
Mais l’opera seria ne se limite pas à une question de ton. D’un point de vue plus formel, ilobéit à des règles très strictes et précises : une ouverture, généralement en trois parties, est suivie de trois actes répartis en scène. Dans chacune d’elles, des récitatifs (sorte de chant très proche du langage parlé) font avancer l’action et font le lien avec les nombreux airs, où les personnages expriment leurs émotions et leurs réflexions, souvent sous la forme de l’ariada capo. Ce type d’air s’appuie sur une structure circulaire, où la dernière des trois parties reprend la musique et le texte de la première en laissant toute liberté à l’interprète de l’ornementer à sa guise. Il s’agit aussi d’un défi pour le metteur en scène, qui doit parvenir à rendre scéniquement ces moments de « sur place » dramatique, tout entier tournés vers l’expression de la psychologie du personnage…
Une chose est sûre : l’été prochain, l’émotion sera à son comble au Grand Théâtre de Provence…