EN HOMMAGE À GÉRARD MORTIER
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Gerard Mortier nous a quittés. Je m’envole vers Johannesburg avec un sentiment de grande tristesse. Cet homme aura changé ma vie. Tout d’abord en me faisant découvrir l’opéra comme je ne l’avais jamais imaginé : ce fut à La Monnaie sous sa direction visionnaire de 1981 à 1991. Puis il me dit un jour : « Bernard, tu devrais songer à me succéder ». C’était en mars 1989. Un an plus tard, j’étais nommé à sa succession. J’y suis resté quinze ans.
Pendant plus de trente ans, il n’a cessé de repenser l’opéra, de bousculer les idées reçues, d’explorer de nouvelles voies, de découvrir de nouveaux talents, de questionner la culture en Europe. Il était avant tout un dramaturge, au sens fort du terme. Il était dramaturge dans ses programmations, dans les créations qu’il initiait, dans les équipes artistiques qu’il réunissait, dans ses innombrables conférences et rencontres avec les publics les plus divers, à Bruxelles, Salzbourg, dans la Ruhr, à Paris et à Madrid…
Il était le plus grand directeur d’opéra de sa génération. Il a révolutionné la manière de le produire, de le créer, de le diffuser, de le communiquer. Il n’a cessé de faire de l’opéra un art vivant.
Gerard nous a quittés mais son héritage vit et nous interpelle : à nous de continuer son œuvre de création et de résistance.
Bernard Foccroulle, Directeur Général du Festival d’Aix-en-Provence