I DUE FOSCARI

Me voici enfin seul... Seul !... Le suis-je vraiment ? Où l’œil des Dix ne pénètre-t-il pas ? Tous mes faits et gestes, jusqu’à mes pensées qui sont surveillées…

I due Foscari, I, 4.

Faisant pendant au « péché de vieillesse » Falstaff et au grand concert Parade[s] consacré cette année à Verdi, l’opéra de jeunesse I due Foscari est proposé en version de concert. Cette tragédie de la vengeance narre la haine viscérale entre deux familles vénitiennes aspirant à la fonction de doge, la trouble conquête du pouvoir punie par le sentiment de solitude, l’amour paternel empêché par la raison d’État. Au dénouement, l'impitoyable Loredano aura éliminé les deux Foscari : Jacopo le fils et Francesco le père, doge et rival. Tout le frénétisme romantique est là, alors qu’enflent les chants patriotiques et que la cloche de Saint-Marc sonne le tocsin. Par sa puissance dramatique et ses couleurs sombres, I due Foscari annonce Simon Boccanegra et Don Carlos. Sous la baguette de Daniele Rustioni à la tête du Chœur et de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, cette soirée est servie par la plus fine fleur du chant verdien d’aujourd’hui.