WOLFGANG RIHM : COMPOSITEUR PHARE DE LA SCÈNE EUROPÉENNE DU XXE SIÈCLE

Au festival
lundi3juin 2019

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Wolfgang Rihm a seulement 26 ans lorsqu’il rencontre le succès avec son opéra Jakob Lenz en 1979. Il est aujourd’hui un compositeur phare de la musique contemporaine allemande et l’auteur d’une œuvre monumentale. Retour sur un parcours aussi brillant que prolifique.

Wolfgang Rihm naît en 1952 à Karlsruhe et commence à composer dès son plus jeune âge. Il se forme auprès d’Eugen Werner Velte et Wolfgang Fortner dans sa ville natale, puis de Karlheinz Stockhausen à Cologne. En 1970, il suit pour la première fois les « Cours d’été internationaux de musique moderne » de Darmstadt. Initiées en 1946 pour revitaliser une création musicale considérablement appauvrie par treize ans d’art officiel nazi et l’exil ou l’assassinat de nombreux artistes, ces rencontres rassemblent chaque été les compositeurs les plus prestigieux de l’avant-garde européenne, parmi lesquels Edgard Varèse, Olivier Messiaen, Pierre Boulez, Luigi Nono et Karlheinz Stockhausen, qui partagent et diffusent leurs conceptions artistiques radicales.

Lorsqu’il compose Jakob Lenz, Wolfgang Rihm a déjà un opéra à son actif et commence à remettre sérieusement en cause l’héritage sériel et moderniste de ses illustres aînés. En effet, le jeune Wolfgang Rihm se méfie des tenants forcenés de l’« École de Darmstadt » obsédés par la modernité à tout prix. Cette avant-garde lui semble être devenue un nouvel académisme.

Il rompt avec le langage musical dominant et fait sensation en 1974 au Festival de musique contemporaine de Donaueschingen avec sa pièce pour orchestre Morphonie, dont l’émotion et l’expressivité sont influencées par le romantisme de Malher et les œuvres de jeunesse de Schönberg. En 1981, il signe avec une vingtaine de compositeurs et de musicologues le manifeste Vers une « nouvelle simplicité » en musique  dans la revue viennoise Studien zur Wertungsforschung. Ces artistes remettent en cause l’avant-garde sérielle et considèrent que la musique doit s’adresser au public. Ils prônent un certain retour à l’expressivité, à la mélodie et au lyrisme, revendiquent le droit aux collages et aux emprunts, ainsi que le recours aux formes traditionnelles (concerto, symphonie, etc.). Cette « Nouvelle Simplicité » ne constitue cependant pas un courant esthétique, il s’agit plus d’une approche particulière de la création contemporaine, partagée par des compositeurs aux horizons et aux trajectoires très divers.

Je refuse que me soit accolée une étiquette. Si je n’obéissais qu’à un style unique, je n’aurais sûrement pas écrit autant. Mais comme je dialogue avec ma musique, je change constamment de style.

Entretien de Bruno Serrou avec Wolfgang Rihm, La Croix, 12/02/19

Depuis ses débuts remarqués, Wolfgang Rihm a composé une œuvre immense et riche – plus de 400 opus –, comprenant aussi bien des quatuors à cordes que des symphonies, des mélodies et des opéras. Il considère ses partitions comme inachevées et retravaille sans cesse cette « matière musicale », chaque nouvelle œuvre répondant à l’une des précédentes. Certaines d’entre elles forment de véritables cycles, constitués au fil des années par des refontes ou des continuations, comme par exemple Chiffres (1982-1988), Vers une Symphonie fleuve (1992-2001) ou Über die Linie (1999-2015), dont le dernier volet sera interprété pour la première fois en France le samedi 13 juillet au Grand Théâtre de Provence par l’Orchestre de Paris sous la direction d’Ingo Metzmacher.