[ TOSCA ] LA PRESSE EN PARLE

Au festival
samedi6juillet 2019

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LE MONDE 

L’opéra de Puccini a triomphé à Aix-en-Provence sous la baguette de Daniele Rustioni, à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon.
Le chant d’Angel Blue est rempli de belles promesses, timbre de velours, fiers aigus, la Tosca du XXIe siècle – jean et sweat à capuche, Honoré a raison – appartient résolument à son époque, qui réfute le style expressionniste de son aînée au profit d’un chant naturel, concentré, expressif sans ostentation. Elle sera ovationnée. Tout comme le Cavaradossi de Joseph Calleja, dont le métal blond s’est un peu terni, livrant des aigus moins rayonnants, parfois aux limites du cri. Nulle trace de faiblesse en revanche pour le puissant Scarpia d’Alexeï Markov, un chant de fer et de feu, dont chaque note condamne et exécute.
Un paradoxal mais passionnant dernier acte portera coup de maître et coup d’épée dans l’eau. Délivrée de l’image, la partition a été rendue aux musiciens. Exit la vidéo. L’orchestre est en majesté sur le plateau, les artistes en habit de gala au proscenium. Un podium inhabituel qui salue un Orchestre de l’Opéra de Lyon au sommet sous la direction inspirée de son très talentueux directeur musical, l’Italien Daniele Rustioni.

 

LE FIGARO 

Le cinéaste Christophe Honorér revisite avec virtuosité et intelligence le chef-d’œuvre de Puccini.
Au risque de se répéter, ce que l’on attend d’un festival, c’est une singularité. Quelque chose qu’on ne pourrait pas voir ou entendre dans une salle de répertoire obligée de miser sur la longue durée. De ce point de vue, la Tosca mise en scène à Aix-en-Provence par Christophe Honoré, coproduite avec l’Opéra de Lyon, est résolument, et sans ambiguïté, un spectacle de festival. (…)
Déclaration d’amour à l’opéra et à ses acteurs, ce spectacle est aussi un tour de force spectaculaire. On se demande toutefois encore si le dispositif ne se grise pas un peu trop de sa virtuosité, tournant au truc ou à l’artifice. Mais l’opéra n’est-il pas justement le monde de l’artifice ?
Le spectacle repose sur la captivante interaction entre Angel Blue, 35 ans, et Catherine Malfitano, 71 ans. La jeune américaine chante sa première Tosca : la voix est une vraie découverte, douce et intense, puissante et corsée, magnifiquement conduite, et ses expressions de visage sont d’une désarmante vérité. (…)Excellents seconds rôles, comparses et chœur, la direction de Daniele Rustioni, proposant une très belle synthèse entre flamme et transparence, avec un Orchestre de l’Opéra de Lyon gorgé de couleur

 

LES ÉCHOS 

Mise en abyme plutôt que représentation, la mise en scène de Christophe Honoré questionne le mythe de la diva à partir de l'opéra de Puccini. Un dispositif très élaboré et un plateau réglé au millimètre assurent un spectacle mémorable.
Finement pensé, réglé, réalisé, maîtrisé, ce spectacle balaie vite les réticences et on se laisse emporter par l'émotion. Celle qui naît de la transmission de l'art puisque dans ce spectacle singulier, se côtoient deux interprètes du rôle-titre : la diva qui a quitté la scène et la jeune qui y fait ses premiers pas. Emotion aussi suscitée par un hommage aux générations passées par une utilisation originale de la vidéo, qui fait défiler des images d'archives lyriques mais qui sait aussi filmer le présent, comme un contrepoint enrichissant le récit principal.
On a pu craindre que la soprano américaine Angel Blue soit un peu sous-dimensionnée pour un rôle aussi intense, malgré une voix séduisante, épanouie et lumineuse. Mais elle impose progressivement une présence et une ardeur manifestes. Le Mario Cavaradossi, son fiancé, de Joseph Calleja n'a certes pas la voix de ténor la plus solaire, les aigus les plus ouverts, mais son style est impeccable et son jeu d'acteur exemplaire. Quant à Scarpia, l'odieux chef de la police, il trouve en Alexey Markov un chanteur certes puissant, mais prosaïque, claironnant sa médiocrité humaine.

 

LIBÉRATION

Magie pour les uns, hérésie pour les autres, Christophe Honoré s’empare de l’opéra de Puccini pour le transformer en ode à toutes les divas et en comédie hollywoodienne douce-amère.
Ce soir-là, on n’a pas vu Tosca
mais un spectacle bien plus intéressant : le geste d’adoration d’un metteur en scène à toutes les divas, à leurs voix étincelantes de bergères guidant nos troupeaux de tympans et à leur solitude quand tombe la vieillesse. Il a sacrifié un opéra, leur outil de travail, pour leur rendre cet hommage. Et durant les saluts, nourris, on a aussi assisté à un passage de relais naturel et chaleureux entre deux sopranos américaines de deux générations différentes, chacune pleinement à sa place.

 

LA CROIX 

Tosca de Puccini a inspiré à Christophe Honoré et Daniele Rustioni un spectacle apparemment « décalé », présenté au festival d’Aix-en-Provence, jeudi 4 juillet. Par son accomplissement, il frappe au cœur du célèbre opéra.
Foisonnant de détails souvent très touchants, si bien que le spectateur doit – jusqu’à l’acte III, d’un grand dépouillement dans sa saisissante mise en abyme – sans cesse choisir où porter son regard, la vision de Christophe Honoré est intimement liée à la lecture musicale du chef Daniele Rustioni. À la tête des forces instrumentales et chorales de l’Opéra de Lyon au plus brillant de leur éclat, le jeune chef italien trace la ligne idéale entre la passion dont regorge chaque mesure de l’ouvrage, le génie mélodique qui rend Puccini si immédiatement touchant et l’incroyable raffinement de l’instrumentation.
Tout frissonne, vibre, scintille – et rugit aussi – sous sa battue. Flûte, violoncelles, harpe, cors… enrobent les voix des chanteurs, tantôt d’une gaze nocturne, tantôt un lourd brocard aux reflets changeants. Le timbre riche et élégant d’Alexey Markov donne un relief d’autant plus inquiétant et paradoxal à l’abominable Scarpia qu’il ne cultive pas les attributs du vieux tyran libidineux. Malgré des aigus un peu fragilisés – superbe medium en revanche –, Joseph Calleja impose sa tendresse et sa flamme dans le rôle de Mario.

 

LA PROVENCE

L’exercice acrobatique de la mise en abyme imagine par Christophe Honoré fonctionne de bout en bout.
Quoique déroutante pour qui n’était pas prévenu, la mise en scène de Christophe Honoré s’inscrit dans la logique du laboratoire de créations qu’est le Festival d’Aix. (…)
Daniele Rustioni est un magicien qui donne de l’esprit et de l’intensité au drame qui se joue, à la tête de l’impeccable Orchestre de l’Opéra de Lyon.  (…)Angel Blue ovationnée le soir de la première, irradie au troisième acte. Elle est pour reprendre le fil de Christophe honoré, une belle incarnation de la diva d’aujourd’hui.

 

DESTIMED 

Omniprésente sur scène, Catherine Malfitano accompagne la naissance d’une nouvelle diva tout en livrant, sans fard, sa personnalité, entre souvenirs lointains d’une gloire passée, plaisirs factices et tarifés, jusqu’à une fin d’étoile laissant la place, et le beau rôle à la jeunesse incarnée par Angel Blue. C’est aussi, pour la soprano, une vraie prise de rôle sur la scène de l’Archevêché. Nul doute qu’elle s’en souviendra. Elle fut exceptionnelle, notamment dans son émouvant « Vissi d’arte ». La voix est souple, idéalement placée et la ligne de chant précise. Le Cavaradossi vieillissant, trait d’union entre la prima donna, pour laquelle il a encore des élans de tendresse entre deux verres de whisky, et la diva naissante, est crédible dans ce rôle. Vocalement, les médiums sont beaux et sa grande technique lui sert pour les aigus. Quant au Scarpia d’Alexey Markov, voix franche et tranchante, puissante et souple, il s’est taillé une belle part de succès. Appréciés, aussi, les musiciens de l’excellent orchestre de l’Opéra de Lyon, venus avec le chœur et la maîtrise de la maison, tous placés sous la direction dynamique de Daniele Rustioni. Tout comme nous l’avions écrit il y a deux ans après la Carmen mise en scène par Tcherniakov, le propre d’un festival est de faire bouger les lignes. C’est le cas avec la mise en scène de cette Tosca qui a quand même l’avantage d’être, artistiquement et vocalement, au top niveau.