Rencontre avec Guillaume Gallienne

Au festival
vendredi26février 2016

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Brillant comédien et metteur en scène, Guillaume Gallienne était le président du comité d’honneur du Gala organisé par le Festival d’Aix à l’Hôtel de la Monnaie à Paris, le 16 février dernier. Plus de cent-cinquante mécènes et représentant des institutions publiques, dont la nouvelle Ministre de la Culture Audrey Azoulay, étaient présents pour l’occasion – contribuant ainsi à lever les fonds nécessaires au développement d’Opéra ON, le programme jeunes du Festival d’Aix ! Après un récital du ténor Stanislas de Barbeyrac accompagné au piano par Alphonse Cemin, nous avons retrouvé Guillaume Gallienne pour lui poser quelques questions sur sa propre découverte de l’opéra… et ses réponses lui ressemblent : passionnées, sensibles et pleines d’humour.
 

L’opéra, un peu, beaucoup… De son propre aveu, Guillaume Gallienne n’est pas un habitué de cet art ; et lorsqu’il évoque avec nous sa toute première expérience, c’est en un mot : « épouvantable ». Mais heureusement, pas au point de l’en dégouter définitivement ! Les secondes fois seront plus concluantes. Pour preuve, l’émotion et l’enthousiasme qui l’animent, lorsqu’il cite les mises en scène de Robert Carsen (« des acmés de silence absolument dingues ») et de Patrice Chéreau (« son Tristan und Isolde m’a laissé par terre »), sans oublier son maître à penser, le grand Klaus Michael Grüber. Une fascination qui touche aussi au travail scénique des chanteurs, auquel l’homme de scène est parfaitement sensible : 
 

Il y a quelque chose qui me fascine chez les chanteurs, et c’est leur capacité d’être à la fois dans l’horizontalité et dans la verticalité. Ça peut sembler un peu intello… mais pour le dire autrement, ce sont des artistes qui arrivent à la fois à se projeter vocalement, en direction du public, et en même temps à rester ancrés sur scène, du sol jusque dans les cintres !

Homme de théâtre, bientôt d’opéra ? On apprenait en effet il y a peu que Guillaume Gallienne signerait sa première mise en scène lyrique à la saison prochaine. Mais d’une scène à l’autre, est-ce bien différent ?  

 

Je suis toujours très attentif à la musicalité, au rythme. Ce que j’aime surtout au théâtre, c’est le mouvement ; mais à l’opéra, même si l’aspect visuel est significatif, le plus important est de permettre aux acteurs de trouver la bonne place pour servir au mieux la musique. Il faut être vigilant à ne pas créer du mouvement sans raison. Ce qui ne veut pas dire que le jeu soit en retrait : je pense qu’à l’opéra, le signe dramaturgique peut être vu en gros plan autant qu’au cinéma. 

Pour le metteur en scène, le passage à l’opéra induit aussi de nouvelles libertés… et de nouvelles contraintes qui ne vont pas sans leur lot d’inquiétudes !

 

Il y a une certaine permissivité à l’opéra qui est assez fascinante, mais elle peut être aussi assez dangereuse ! Si on veut se faire plaisir et avoir une toile peinte par un grand artiste, c’est possible ; par contre, il faut aussi avoir conscience qu’on va se la coltiner pendant deux actes, et que cela risque de ne pas toujours servir la dramaturgie. Ce dosage-là m’impressionne, entre grandeur et subtilité. 

Une alchimie dont on ne doute pas que Guillaume Gallienne trouve très bientôt sa propre recette... Après l’avoir rencontré, nous n’avons d’ailleurs plus que deux envies : courir voir son travail à l’opéra… et lui donner rendez-vous au Festival d’Aix l’été prochain !