LE CHANT DE LA TERRE DE GUSTAV MAHLER — 13 JUILLET AVEC L'ORCHESTRE DE PARIS

Au festival
mercredi10juillet 2019

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NOTE DE PROGRAMME

« Sombre est la vie, sombre est la mort » répète inlassablement le premier numéro du Chant de la Terre. Au moment où il le compose, Mahler peut certainement en dire autant de son existence semée d’embuches. Atteint d’une grave malformation cardiaque, il perd son poste de directeur musical à l’Opéra de Vienne et sa fille aînée meurt à l'âge de cinq ans. À partir de l’année 1907, l’écriture reste son unique échappatoire. En témoigne cette confidence faite au chef d’orchestre Bruno Walter : « Je ne suis plus capable que de travailler. Pendant le courant de cette année, j’ai désappris tout le reste. Je me fais l’effet d’un morphinomane ou d’un ivrogne à qui l’on aurait, d’un seul coup, interdit son vice ». Trait d’union entre l’univers du lied et celui de l'orchestre, Le Chant de la Terre est considéré par Mahler comme une véritable symphonie. Or, dans les circonstances funestes de sa composition, Mahler qui vient d’achever sa huitième symphonie, évite de numéroter l’opus. N’est-ce pas une Neuvième symphonie qui a eu raison de Beethoven, de Schubert comme de Bruckner ? Se sachant condamné, Mahler ne souhaite pas forcer le destin, ce qui ne l’empêche pas de conclure sa symphonie par un long « adieu » final, sorte d’aspiration au repos éternel : « Partout, l’horizon sera bleu, éternellement, éternellement. »

Das Lied von der Erde est écrit à partir de poèmes chinois des VIIIe et IXe siècles dont les thèmes principaux – la nature, la fugacité de la jeunesse, l’ivresse, les questions existentielles, la brièveté de la vie, la solitude – se prêtent parfaitement au romantisme allemand. Musicalement, Mahler ne s’adonne pas outre-mesure à l’orientalisme en vogue, mais inscrit plutôt son œuvre monumentale dans une veine postromantique. Quelques sonorités empreintes d’exotisme apparaissent çà et là dans la partition (gammes pentatoniques, mandoline, harpes, glockenspiel, triangle), mais la touche orientale reste distanciée, lointaine et finement saupoudrée. [...] Les cinq premiers mouvements du cycle balancent entre passages énergiques et moments d’introspection ; le lyrisme le plus exacerbé cède régulièrement sa place à la voix murmurée. Lent, sombre et solennel, le dernier mouvement fait la part belle aux sonorités graves de l’orchestre [...]. Telle une méditation [...], le pressentiment de la mort se fait de plus en plus palpable, de plus en plus obsédant jusqu’à en devenir proprement irrésistible.

Aurélie Barbuscia

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