[ CARNET DE RÉPÉTITION ] DON GIOVANNI
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Vendredi 20 juin 2025 — Grand Théâtre de Provence — Festival d’Aix-en-Provence
Alors qu’à l’extérieur la chaleur torride fait vibrer l’air de la ville, la pénombre fraîche et accueillante du Grand Théâtre de Provence fait ciller des yeux en entrant dans l’élégant hémicycle. La scène et les gradins émettent le bourdonnement léger d’une ruche au travail, chaque groupe s’occupant d’une tâche spécifique en vue de préparer les représentations de Don Giovanni de Mozart. Sir Simon Rattle, le directeur musical de la production, parle dans la fosse avec son assistant Luca Guglielmi. Tandis que le vidéaste ajuste la projection sur les reliefs du décor, le sound designer teste les effets sonores placés aux articulations du drame, soulignant le sens de la mise en scène. Robert Icke n’est pas là pour le moment, il s’occupe de faire répéter en studio Madison Nonoa et Paweł Horodyski, qui interprètent respectivement Zerlina et Masetto. Robert Icke fonde son travail de mise en scène sur des processus créateurs qui viennent du théâtre plutôt que du monde de l’opéra : les séances au plateau ou en studio cherchent, dans les échanges avec les chanteurs et chanteuses, à cerner leur personnage et à définir un jeu de scène en accord avec sa psychologie à travers des gestes, des mouvements, et l’histoire que le metteur en scène veut raconter.
Pendant ce temps, au plateau, on s’intéresse tout particulièrement à la façon dont le Commandeur, joué par Clive Bayley, et Don Giovanni, incarné par Andrè Schuen, vont se battre dans la scène du meurtre initial. Avec la chorégraphe Ann Yee et le coordinateur des cascades Ran Arthur Braun, Clive Bayley et Andrè Schuen échangent des coups qui n’ont pas plus l’air factices que les cris et les soupirs qui cadencent leur rixe. Clive Bayley apprend à tomber d’une façon aussi commode que terriblement vraisemblable, pendant qu’Andrè Schuen répète le ballet de gestes qui l’amène à poignarder le Commandeur. Les cascades répétées concernent maintenant un combat entre Don Giovanni et Masetto, manifestant à la fois la relation de subordination qui les lie et la rivalité amoureuse qui les oppose.
Le plateau est structuré par une « boîte » flottant au milieu de l’espace scénique. Ce grand parallélépipède rectangle dont les surfaces sont tantôt ouvertes tantôt obstruées par des rideaux peut bouger vers l’avant ou vers l’arrière, créant ainsi de puissants effets dramatiques. La pénombre de l’espace inférieur est ceinturée par un chemin lumineux qui court tout au long de l’avant-scène. Il y a des recoins sombres dans l’arrière-scène, des barreaux métalliques inquiétants sur les côtés et un escalier monumental et mobile au centre qui permet aux chanteurs et chanteuses de passer de la boîte suspendue au plateau en tant que tel.
Après la pause, Robert Icke est revenu à la grande table de régie qui recouvre une partie des fauteuils centraux de la salle. La répétition reprend avec la scène de reconnaissance de Leporello que tous les personnages ont confondu avec son maître, au milieu de l’acte II. Dans la mise en scène imaginée par Robert Icke, le fabuleux sextuor est organisé en opposant les accusateurs dans la partie supérieure de l’espace scénique, et l’accusé sur la scène – avec Don Giovanni à ses côtés. Tous se mettent d’accord sur le fait qu’il faut régler son compte à Don Giovanni, à l’exception de Donna Elvira, chantée par Magdalena Kožená, qui s’inquiète pour son époux volage. Dans cet ensemble fabuleux, la voix radieuse de Golda Schultz vocalise au-dessus du groupe, tandis que Krzysztof Bączyk chante avec virtuosité la terreur grotesque de Leporello, et que Magdalena Kožená cherche à apitoyer les autres protagonistes par ses plaintes déchirantes. Zerlina et Masetto surgissent, accompagnés d’un impressionnant mouvement du décor vers l’avant, et empêchent Leporello de s’enfuir, le traînant dans les grands escaliers pour le mener dans l’espace scénique supérieur. Mais le sextuor s’arrête : il faut refaire encore et encore le mouvement car les machinistes doivent régler le mécanisme de la scénographie.
La répétition touche déjà à sa fin. Les artistes travailleront encore tard dans la nuit. Dans quelques jours, l’Orchestre de la Radiodiffusion bavaroise s’installe dans la fosse du Grand Théâtre de Provence. Son arrivée marque une étape dans l’achèvement du travail du metteur en scène qui passera alors la main à Sir Simon Rattle.
François Delécluse

Répétitions — Don Giovanni de Mozart
Direction musicale : Sir Simon Rattle — Mise en scène : Robert Icke
Festival d'Aix-en-Provence 2025 © Jean-Louis Fernandez

Répétitions — Don Giovanni de Mozart
Direction musicale : Sir Simon Rattle — Mise en scène : Robert Icke
Festival d'Aix-en-Provence 2025 © Jean-Louis Fernandez

Répétitions — Don Giovanni de Mozart
Direction musicale : Sir Simon Rattle — Mise en scène : Robert Icke
Festival d'Aix-en-Provence 2025 © Jean-Louis Fernandez

Répétitions Don Giovanni de Mozart
Direction musicale : Sir Simon Rattle — Mise en scène : Robert Icke
Festival d'Aix-en-Provence 2025 © Jean-Louis Fernandez

Répétitions — Don Giovanni de Mozart
Direction musicale : Sir Simon Rattle — Mise en scène : Robert Icke
Festival d'Aix-en-Provence 2025 © Jean-Louis Fernandez

Répétitions — Don Giovanni de Mozart
Direction musicale : Sir Simon Rattle — Mise en scène : Robert Icke
Festival d'Aix-en-Provence 2025 © Jean-Louis Fernandez

Répétitions — Don Giovanni de Mozart
Direction musicale : Sir Simon Rattle — Mise en scène : Robert Icke
Festival d'Aix-en-Provence 2025 © Jean-Louis Fernandez

Répétitions Don Giovanni de Mozart
Direction musicale : Sir Simon Rattle — Mise en scène : Robert Icke
Festival d'Aix-en-Provence 2025 © Jean-Louis Fernandez

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Direction musicale : Sir Simon Rattle — Mise en scène : Robert Icke
Festival d'Aix-en-Provence 2025 © Jean-Louis Fernandez