Dmitri Tcherniakov lÈve le voile sur Carmen

Au festival
lundi19juin 2017

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C’est un événement très attendu de l’été lyrique 2017 : l’un des plus grands metteurs en scène d’aujourd’hui revisite l’opéra le plus fameux du répertoire – Dmitri Tcherniakov se mesure à Carmen. Et déjà les bruits courent, le buzz enfle. Comment l’artiste russe, qui a conquis le monde avec sa relecture d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski et suscite partout des débats passionnés, va-t-il aborder le chef-d’œuvre de Bizet ?

Ne vous fiez pas aux rumeurs qui circulent de ci-de là. Le Festival d’Aix est la seule source fiable. Il lève aujourd’hui un coin de voile sur la note d’intention que Dmitri Tcherniakov lui-même a signée pour le programme du Festival :
« Aujourd’hui, on a besoin de croire à cette histoire et de comprendre en quoi elle se rapporte à nous. Aussi ce spectacle parlera-t-il de nos contemporains : émotionnellement désabusés, nourris d’expériences amères, remplis de désespoir et d’ironie. […] L’homme moderne préfère toujours rester dans une zone sécurisée, ne pas se laisser submerger par des passions incontrôlées, éviter la noyade émotionnelle que traversent depuis toujours les personnages d’histoires célèbres. Il y a les récits chargés de passion, et il y a la réalité qui, pour beaucoup d’entre nous, est faite d’habitudes, d’événements qui se répètent, de frustrations, d’ennui, de vide… De l’incapacité à ressentir quoi que ce soit, à vivre pleinement le présent. Les personnages de notre spectacle ne sont pas exactement les héros de l’opéra
Carmen, mais c’est en se retrouvant à l’intérieur de cette histoire célèbre qu’ils se laisseront peu à peu emporter par elle et qu’ils commenceront à la vivre intensément. L’histoire de Carmen deviendra alors pour eux la meilleure des thérapies. »

Ajoutons que le spectacle de Dmitri Tcherniakov, qui inscrit l’histoire de Carmen dans le monde d’aujourd’hui, comprend l’intégralité de la partition originale de Bizet telle qu’éditée par le musicologue Fritz Œser, avec des dialogues parlés réécrits par le metteur en scène russe. Ce faisant, non seulement le spectacle redynamise une histoire connue, mais il rend aussi hommage à Carmen en tant qu’opéra populaire, personnage mythique, et fantasme culturel, faisant de chaque spectateur un Don José en puissance, séduit et fasciné par l’envoûtante Carmencita.