L’Académie - mille et une histoires pour vingt-cinq ans d’aventure

1998-2001

1998-2001

1998-2001

1998-2001

1998-2001, la fabrique d’une utopie

L’Académie européenne de musique voit le jour en 1998, année de l’arrivée de Stéphane Lissner à la tête du Festival d’Aix-en-Provence. La création de l’Académie constitue l’un des grands chantiers de son mandat, projet ambitieux pour lequel il reçoit l’adhésion de l’ensemble des équipes du Festival, et la collaboration sans faille de Béatrice de Laage. Avant d’être un projet finement élaboré sur le papier, l’Académie est donc le fruit d’une conjonction d’énergies, d’idées et surtout d’enthousiasme.
À l’origine, la création d’une Académie – conçue comme le prolongement du Festival d’Aix – a pour principale vocation celle de rajeunir à la fois le public et les artistes amenés à fréquenter le Festival. Quoique bénéficiant très tôt du soutien financier de l’Union européenne et en dépit du nom « Académie européenne » qu’elle porte initialement, l’Académie entend s’ouvrir au reste du monde et à la création.

UNE RÉSIDENCE DE COMPOSITION PLACÉE SOUS L’ÉGIDE DE PIERRE BOULEZ

L’ombre tutélaire de Pierre Boulez plane sur l’Académie et ce, dès sa naissance pour ne pas dire sa gestation. Ce dernier parraine en effet une résidence de composition qui, débutant à l’automne 1997, suscitera une soixantaine de candidatures provenant du monde entier. Cinq compositeurs, parmi lesquels un Finlandais, un Russe, un Américain et un Grec, se voient sélectionnés pour préparer trois maquettes d’opéra et deux maquettes de ballet à présenter dans le cadre de la programmation suivante. Trois chanteurs – soprano, mezzo-soprano et baryton – prêtent ainsi leurs voix aux compositeurs d’opéra, de même que le Ballet Preljocaj met à disposition chorégraphes et danseurs. Deux compositeurs – Philippe Manoury et Marc-André Dalbavie – ainsi que le metteur en scène Pierre Strosser encadrent cette résidence.

Quelle leçon de travail et quel privilège que d’avoir pu côtoyer Pierre Boulez lorsque Stéphane Lissner m’a demandé de le seconder pour le relancement du Festival. Son immense courtoisie et sa gentillesse, son intelligence et sa disponibilité ont été autant de repères pour aider à concevoir une Académie européenne de musique ambitieuse et juste et qui, sur ses conseils exigeants et bienveillants, a pu se bâtir sur les bases solides qui ont permis le développement que l’on connaît.

Béatrice de Laage, extrait de son Hommage à Pierre Boulez

TROIS PREMIÈRES PRODUCTIONS DE L’ACADÉMIE ET AUTANT DE SUCCÈS

L’édition 1998 se veut être une période de refondation pour le Festival d’Aix-en-Provence. En proposant plusieurs ateliers autour d’œuvres majeures du répertoire lyrique tels que La Flûte enchantée de Mozart, Didon et Énée de Purcell, mais aussi d’œuvres moins fréquentées telles que Curlew River de Britten, l’Académie européenne de musique tend à y contribuer. Comme par enchantement, de ces trois ateliers de l’Académie vont naître trois productions à succès amenées à tourner en Europe.

Pierre Boulez

Pierre Boulez © DR

Notre objectif est de donner aux jeunes musiciens la chance de s'ouvrir, de s'écouter, de se côtoyer et de dialoguer avec des artistes confirmés, leur ouvrant de larges perspectives. Notre pari semble réussir, puisque parmi les instrumentistes de la première édition, l'une a été nommée premier alto de l'Orchestre de la BBC de Glasgow, un violoniste a été engagé par le Philharmonia Orchestra de Londres... Nous avons la chance de compter parmi nous des chanteurs de la précédente édition, ce qui assure une continuité.

David Stern, La Croix, le 25 juin 1999

Les élèves de l’Académie européenne de musique forment l'ossature artistique des productions de juillet. Tous se produisent : les instrumentistes donnent quotidiennement des concerts de musique de chambre tout en remplissant les divers pupitres des orchestres de jeunes ; les chanteurs participent quant à eux aux productions dans de petits rôles ou dans les chœurs. Les cours d'interprétation de musique de chambre font partie du cursus des jeunes musiciens d’orchestre de l’Académie du Festival. Aussi, pendant que le chef David Stern est à la tâche en dirigeant Didon et Énée, Curlew River et La Flûte enchantée, son père, le grand violoniste Isaac Stern, encadre les musiciens de l’orchestre sous la forme d'ateliers de musique de chambre. Chaque soir, un de ces ensembles de musique de chambre se produit en public, que ce soit en salle ou dans les rues d'Aix-en-Provence : c’est ainsi que se forge la cohésion du groupe.

Créer une cohérence immédiate dans un orchestre de jeunes n'ayant jamais travaillé ensemble n'est pas simple. En deux semaines, j'ai déjà dirigé quantité de partiels. À la troisième répétition d'ensemble, je commence à peine à obtenir un son homogène.

David Stern, La Croix, le 25 juin 1999

Inaugurant le Grand Saint-Jean à l’occasion des cinquante ans du Festival, La Flûte enchantée de 1999 marque les esprits. Rien ne laissait présager que d’un simple atelier vocal autour du singspiel mozartien naîtrait une production à succès. Mise en scène par Stéphane Braunschweig et dirigée par David Stern, cette production compte parmi ses chanteurs Stéphane Degout dans le rôle de Papageno.

MUSIQUES D’AILLEURS TOUS AZIMUTS

En l’an 2000, l'ouverture des festivités revient à Pierre Boulez, avec sa propre composition Éclat/Multiples interprétée par les altistes stagiaires de l’Académie et l'Ensemble intercontemporain. Le compositeur fait, une fois encore, office de passeur entre l'Académie et le Festival à proprement parler. C’est aussi sous son impulsion que le Festival ouvre sa programmation aux musiques d’ailleurs. Articulée autour de l’innovation instrumentale, toutes les frontières se voient abattues dans cette programmation qui, à la demande de Boulez, confronte son Éclat/Multiples à des cornemuses écossaises et son Rituel in memoriam Bruno Maderna à un orchestre de gamelans du village de Sebatu (Bali). Les rituels de cour d'Extrême-Orient et les musiques mandingues d'Afrique côtoient les musiques traditionnelles d’Azerbaïdjan et d'Ouzbékistan.

David Stern

David Stern - Festival d'Aix-en-Provence 1998 © Elisabeth Carecchio

Public Festival d'Aix-en-Provence 2001

Festival d'Aix-en-Provence 2001 © Elisabeth Carecchio

L’ANCRAGE LOCAL

Grâce à la fondation de l’Académie européenne de musique, le Festival d'Aix-en-Provence crée des liens privilégiés avec la cité qui l’héberge. Autrement dit, l’image élitiste du Festival s’estompe au profit d’une proximité croissante. Les Aixois se sentent plus concernés par les propositions de l’Académie qui n’a de cesse de susciter la rencontre entre publics et artistes. Tous les jours, une manifestation publique est proposée par l’Académie. Des Passeports sont d’ailleurs vendus pour assister aux master classes, aux répétitions, aux ateliers publics, aux récitals et aux concerts. Depuis l’instauration de l’Académie, le Festival d'Aix ne se limite plus aux trois semaines de représentations de juillet, mais s'étend sur huit semaines entières, le mois de juin étant entièrement voué aux activités de l'Académie européenne de musique. Des productions telles que Didon et Énée tournent dans plusieurs communes de Provence.

UNE DIMENSION PÉDAGOGIQUE ET HUMAINE

Dès l’année de création de l’Académie européenne de musique, une centaine de stagiaires, toutes nationalités confondues, se perfectionnent, deux mois durant, sous l’égide de maîtres prestigieux tels que Régine Crespin, Gundula Janowitz, William Christie, Claudio Desderi et Renaud Capuçon, encore très jeune. Les Amis du Festival d’Aix jouent un rôle essentiel dans l’accueil des jeunes de l’Académie. Plusieurs familles se portent volontaires pour héberger les stagiaires, d’autres se chargent de leur faire découvrir les lieux emblématiques de la ville et de ses alentours. Dès 1999, les Amis du Festival remettent chaque année un prix à de jeunes chanteurs et instrumentistes qui participent aux ateliers organisés par l’Académie du Festival. C’est ainsi que Stéphane Degout obtient le Prix vocal pour le rôle de Papageno dans La Flûte enchantée, tandis que Teresa Stanislav, premier violon de l’orchestre de l’Académie et Steinar Nielsen, corniste, se partagent le Prix instrumental.

Ces trois premières années de l’Académie européenne de musique qui, a posteriori, peuvent apparaître comme une phase d’expérimentation et de laboratoire, se révèlent être la construction d’un socle solide sur lequel l’Académie du Festival d’Aix ne cessera de se développer sans jamais renoncer à ses premières intuitions.

William Christie

William Christie - Festival d'Aix-en-Provence 2001 © Elisabeth Carecchio

2001-2008

2001-2008

2001-2008

2001-2008

2001-2008, vers une stabilité

Après trois premières années d’heureuses expérimentations, l’Académie européenne de musique commence à se forger sa propre identité et à gagner en autonomie vis-à-vis du Festival lui ayant fraîchement donné naissance. Pour accompagner cette transition vers l’émancipation, Antoine Manceau est placé à la tête de l’Académie dès l’année 2001. Loin de se présenter uniquement comme une extension du Festival d’Aix, l’Académie devient bientôt une entité à part entière sans jamais rompre ni alanguir le lien privilégié qu’elle entretient avec le Festival. Autrement dit, on passe d’une Académie ne faisant qu’une avec le Festival à un centre de perfectionnement intrinsèquement relié au Festival, mais jouissant d’une certaine autonomie en matière d’image, de programmation et de communication. Pour réaliser ce vaste projet, Antoine Manceau s’entoure chemin faisant de quelques collaborateurs formant une équipe qui, quoique réduite, se consacre corps et âme à l’Académie.
L’Académie européenne de musique regroupe dans un même champ de transmission toutes les entités présentes à l’opéra, à savoir le chant, les instruments et la création. Trois résidences – de chant, de musique de chambre en 2002, puis d’opéra en création à partir de 2007 – sont ainsi proposées dès le mois de juin, en amont de la période festivalière. Activités et concerts se poursuivent au moment où le Festival d’Aix bat son plein. Idéalement implanté au cœur d’une structure qui crée et qui monte des opéras, ce lieu de formation et de transmission dispose de tous les moyens nécessaires pour construire l’avenir.

L’INSTAURATION D’UNE RÉSIDENCE DE MUSIQUE DE CHAMBRE

Si le Festival d’Aix est avant tout considéré comme le temple de l'art lyrique, l’Académie européenne de musique redonne quant à elle ses lettres de noblesse à la musique instrumentale :

J'ai insisté pour que l'Académie propose des formations en ce domaine. La résidence pour quatre ans de la Philharmonie de Berlin constitue une chance formidable pour les jeunes professionnels, qui se frottent à ces aînés talentueux dont certains possèdent un charisme pédagogique et une générosité inépuisables.

Entretien avec Antoine Manceau réalisé par Emmanuelle Giuliani, La Croix, le 14 juillet 2007

L’insertion du pôle « musique de chambre » au sein de l’Académie européenne de musique tire ses origines de l’une des productions phares du Festival, celle du Don Giovanni de 1998. Cette production, présentée à l’occasion de la refondation du Festival d’Aix, marque en effet les premiers pas d’un orchestre nouvellement constitué : le Mahler Chamber Orchestra. Le chef Claudio Abbado et son jeune assistant Daniel Harding dirigent pour l’occasion un orchestre flambant neuf. Fort de son succès, le Don Giovanni de Peter Brook est repris dans le cadre de l’édition 2002. Antonello Manacorda, premier violon et membre fondateur du Mahler Chamber Orchestra, nourrit alors le rêve de créer une Académie de musique de chambre au même titre que l’Académie vocale préexistante. Et le rêve, placé entre les mains expertes et passionnées d’Antoine Manceau, devient réalité. Tous deux conjuguent leurs talents et leurs carnets d’adresses pour faire appel aux plus grands maîtres et sélectionnent par le biais d’auditions des ensembles à géométrie variable venant du monde entier. Ironie du sort : l’un des ensembles venu d’Israël pour se perfectionner à Aix – le Tal Trio avec piano – renferme le futur Konzertmeister du Mahler Chamber Orchestra en la personne de Gregory Ahss. Antonello Manacorda envisageant de quitter son poste de premier violon pour se consacrer pleinement à la direction d’orchestre, cédera bientôt sa place au jeune violoniste repéré lors de son séjour aixois. Autant dire que le Mahler Chamber Orchestra et l’Académie de musique de chambre font tous deux le pari de la jeunesse !

SORTIR DU HUIS CLOS ET SE CONFRONTER AU PUBLIC

L’Académie doit par définition se distinguer du conservatoire où le travail se fait généralement à huis clos. Il s’agit par-là de sublimer le travail en maturation, ainsi que l’acte de création.

Entretien avec Antoine Manceau réalisé en 2017 par Aurélie Barbuscia

C’est une règle indérogeable de l’Académie européenne de musique d’Aix-en-Provence : les chanteurs, instrumentistes, compositeurs et dramaturges qui fréquentent ses bancs sont également invités à en fouler les planches. Aussi, la plupart des événements – master classes, débats, répétitions, concerts – ont lieu en présence du public. Car l’Académie se veut être une fenêtre ouverte sur le travail des jeunes artistes. Débutant en juin, les habitants d'Aix et de sa région honorent tout naturellement les premiers rendez-vous de l'Académie européenne de musique. L’Académie ouvre délibérément ses portes avant les premières d’opéra, au moment même où les artistes des grandes productions sont attendus sur la place aixoise pour débuter les répétitions. Autrement dit, pendant que les opéras se construisent d’un côté, l’Académie préalablement réunie donne ses premiers concerts auxquels le public accède moyennant un Passeport, ancêtre du Pass. Il s’agit là d’une vraie logique d’ouverture pour les publics qui peuvent assister quotidiennement à des manifestations et ce, dans des lieux aussi variés qu’insolites. Le public ne faisant pas le déplacement jusqu’à l’Académie n’est cependant pas en reste, puisque les artistes de l’Académie sont amenés à sillonner le département des Bouches-du-Rhône pour donner des récitals, des concerts de musique de chambre et rejoindre le public là où il se trouve. Cet ancrage territorial rencontre un tel engouement que l’Académie se déplace bientôt sur le territoire avec ce qui fait la marque de fabrique du Festival : l’opéra.

Master class de musique de chambre d'Antonello Manacorda - Cité du Livre

Master class de musique de chambre d'Antonello Manacorda
Cité du Livre © Elisabeth Carecchio

Master class de chant de Teresa Bergenza

Master class de chant de Teresa Bergenza
Festival d'Aix-en-Provence 2005 © Elisabeth Carecchio

L’ACADÉMIE : LABORATOIRE D'OPÉRA

Force est de constater que, dès sa fondation, l’Académie produit un objet – l’opéra – qui identitairement renvoie à la spécialité du Festival. Or, lorsque le succès est au rendez-vous, les ouvrages créés par l’Académie connaissent la même existence que les productions du Festival, ce qui signifie que les représentations aixoises sont suivies de tournées à l’échelle internationale. Que ce soit une production intégralement réalisée par l’Académie, que les étudiants de l’Académie soient les doublures des chanteurs de la distribution officielle, ou que la moitié de la distribution soit issue de l’Académie, il n’en demeure pas moins vrai que chaque année, un opéra est donné dans le cadre de l’Académie.

À titre d’exemple, pour célébrer les dix ans d’existence de l’Académie européenne de musique, William Christie dirige les élèves auxquels il a prodigué ses conseils le temps d’une exécution de The Fairy Queen en version de concert. Cet opéra de Purcell fait écho à l’une des premières productions de l’Académie – Didon et Énée – qui, pendant plusieurs années, ne cessera de tourner. Parmi les productions de l’Académie, on compte également Il ritorno di Ulisse in patria de Monteverdi (2000), La Cenerentola de Rossini (2000), ou encore La Petite Renarde rusée de Janáček (2002) dont Antoine Manceau se souvient encore avec précision tant le pari était risqué. Nombreuses sont les productions d’opéra labellisées par l’Académie. Pour autant, outre les œuvres ayant vu le jour dans le cadre des ateliers de composition de 1998, il faudra attendre l’année 2010 pour que l’Académie devienne un commanditaire en matière d’opéra :

La différence qui a pu s’opérer juste après mon départ, c’est le fait qu’il y ait des commandes d’opéras, c’est une vrai bascule.

Entretien avec Antoine Manceau réalisé en 2017 par Aurélie Barbuscia

 

DES RENCONTRES INOUBLIABLES

Les rencontres font la richesse de l’Académie européenne de musique, celles que la place aixoise favorise, celles que les auditions suscitent. Suite à une scrupuleuse présélection de dossiers, Antoine Manceau et Eva Wagner prennent leur bâton de pèlerin et sillonnent les grandes capitales européennes tout en faisant un crochet par New York. Ce travail de fond effectué en collaboration avec les conservatoires et les opéra-studios leur permet de sélectionner les musiciens pour l’un, les chanteurs pour l’autre. Et Antoine Manceau de constater avec le recul que « l’Académie sert vraiment à quelque chose », qu’il ne s’agit pas seulement de « faire de la musique pour faire de la musique » mais que l’on « porte vraiment notre pierre à l’édifice d’une histoire de la musique en train de s’écrire ». Nombreux sont les talents révélés au grand jour pendant ou à l’issue de leur séjour aixois, à commencer par le Quatuor Modigliani, la mezzo-soprano Anna Stéphany, la soprano Sonya Yoncheva, le compositeur Jérôme Combier et le violoniste Gregory Ahss.
Côté maîtres, il est des personnalités que l’on ne saurait oublier tant elles ont marqué une génération de musiciens et de mélomanes. On se souvient du violoncelliste Mario Brunello venu à Aix accompagné de sa roulotte ; du dernier concert du Quatuor Artemis avant la substitution du premier violon qui, pour des raisons de santé, est contraint de quitter l’ensemble ; de l’atelier bouleversant sur le corps dans l’espace animé par Thierry Thieû Niang en collaboration avec Patrice Chéreau. Sublimes sont les cours prodigués et les concerts donnés à l’Académie. Il suffit d’évoquer le nom des artistes/pédagogues pour le comprendre : le pianiste Pierre-Laurent Aimard, les chanteuses Edda Moser, Christa Ludwig, Gwyneth Jones, Rachel Yakar, Gundula Janowitz et Teresa Berganza, les chanteurs Gabriel Bacquier, Graham Clarke et Hans Sotin, ainsi que les quatuors Hagen et Tokyo.

PROMOUVOIR LA CRÉATION

L’union faisant la force, un premier réseau réunissant quatre acteurs culturels de renom voit le jour. L’Académie européenne de musique, la Villa Médicis, le Festival d’Aldeburgh, puis le Festival de Verbier s’unissent ponctuellement pour défendre la création. Ce réseau a pour principale vocation celle de faire des commandes conjointes de nouvelles œuvres, de mettre à disposition des lieux de résidence de création et de favoriser la circulation d’artistes entre ces trois institutions.  
Si l’Académie européenne de musique parvient à accorder une place de choix à la création, c’est notamment parce qu’elle bénéficie du soutien de la Sacem (Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique) et ce, dès la première heure. Révéler la richesse et la diversité du répertoire contemporain, soutenir les compositeurs d’aujourd’hui, promouvoir la création contemporaine : telles sont les missions de l’Académie qui s’associe régulièrement à la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) pour passer commande d'œuvres nouvelles à des compositeurs émergents. En création mondiale, ces œuvres sont généralement interprétées par des artistes issus de l'Académie.

Master class de chant d'Edda Moser

Master class de chant d'Edda Moser
Festival d'Aix-en-Provence 2003 © Elisabeth Carecchio

Master class de chant de Christa Ludwig

Master class de chant de Christa Ludwig
Festival d'Aix-en-Provence © Elisabeth Carecchio

Master class de chant de Gabriel Bacquier

Master class de chant de Gabriel Bacquier
Festival d'Aix-en-Provence 2001 © Elisabeth Carecchio

DES PARTENAIRES INCONTOURNABLES

En 2002, Charles-Henri Filippi, banquier féru de musique et amateur d’art – PDG de HSBC France, administrateur du Centre national d'art et de culture Georges Pompidou et parrain historique du Festival d'Aix-en-Provence – décide de soutenir les interprètes les plus talentueux de l’Académie. Cela passe dans un premier temps par le recrutement des chanteurs les plus prometteurs de l’Académie pour une série de concerts ayant lieu en Corse. Chaque été, une troupe d’heureux élus de l’Académie est invitée à se produire en Corse à l’issue de son séjour aixois. Cette escapade ayant pour nom « Les Soirées lyriques » illumine le temps de quelques concerts les étés corses. À partir de 2006, les talents les plus prometteurs de l’Académie sont promus au rang de Lauréats HSBC. Le Groupe HSBC France s’associe en effet à l’Académie européenne de musique d’Aix-en-Provence pour porter et accompagner ces jeunes artistes. Aussi la direction artistique du Festival sélectionne-t-elle à l’issue de chaque édition une nouvelle promotion de chanteurs, un pianiste chef de chant et un ensemble de musique de chambre. Les Lauréats HSBC poursuivent l’expérience acquise pendant le Festival en se produisant lors de récitals et concerts aussi bien en France qu’à l’étranger.

Engagée aux côtés de l’Académie européenne de musique depuis 1998, la Fondation d’entreprise France Télécom (aujourd’hui devenue Fondation Orange) a soutenu la création et le développement de l’Académie dédiée à l’insertion professionnelle des jeunes chanteurs. Depuis 2006, la Fondation Orange a réorienté son action en accompagnant le Festival sur la mise en place de ses actions pédagogiques et socio-artistiques.

Depuis 2004, la Fondation d’entreprise La Poste est partenaire de l’Académie européenne de musique du Festival d’Aix et soutient tout particulièrement la création de spectacles autour d’écrits et de correspondances de musiciens. En promouvant l’expression écrite à travers l’édition de correspondances, et de toutes manifestations artistiques destinées à rendre plus vivants l’écrit et la lettre, la Fondation d’entreprise La Poste accompagne les jeunes talents de l’Académie dont les créations associent texte et musique.

2009-2018

2009-2018

2009-2018

2009-2018

2009-2018, élargissement et diversité

À la tête de l’Académie européenne de musique du Festival d’Aix-en-Provence depuis 2009, Émilie Delorme joue un rôle essentiel en faveur de son expansion et de son rayonnement à l’échelle internationale. L’Académie s’impose ainsi peu à peu comme un centre de référence en matière de repérage de jeunes talents, créateurs et interprètes.
Accroître l'ouverture à la diversité culturelle en encourageant le dialogue interculturel ; intensifier l’ancrage local ; soutenir la création et l’innovation pour répondre aux enjeux de demain et faire de la transmission le corollaire de l’excellence : telles sont les missions qu’Émilie Delorme et son équipe conduisent avec ardeur.

Quand on souhaite partager la musique avec le plus grand nombre, la première question qui se pose est celle du public et de sa diversité. Or, le public qui fréquente les institutions culturelles ne reflète en rien la population à laquelle s’adressent les institutions, justement. Pourquoi ? Parce que l’offre artistique ne reflète pas la diversité de la population. […] Alors, dès que j’ai pu avoir une influence sur la programmation, j’ai tenté de tenir compte de ces diversités.

Alternatives théâtrales, entretien avec Émilie Delorme réalisé en 2016 par Leyli Daryoush

Faisant de l’exigence artistique un prérequis et de la diversité une valeur de premier ordre, l’Académie déploie une multitude d’activités qui se déclinent autour de quatre axes principaux que sont la voix, la musique de chambre, la création et l’orchestre.

LA RÉSIDENCE MOZART : UNE INSTITUTION

L’Académie propose des programmes de perfectionnement vocal et d’interprétation conçus pour être en parfaite adéquation avec la programmation du Festival d’Aix. Porteuse d’excellence sur le plan de la technique vocale, l’Académie accorde également une importance majeure au travail scénique. Fidèle à la tradition du Festival d’Aix selon laquelle Mozart est un incontournable, le pôle Voix de l’Académie consacre l’une de ses résidences au compositeur autrichien. Un aspect inédit de cette résidence est qu’elle s’adresse aussi bien aux chanteurs qu’aux pianistes chefs de chant.

Mozart m’a toujours suivi. Pour un baryton, c’est ce par quoi on commence, ce qui permet d’avoir la technique la plus pure, la plus saine. Dans cette résidence, on est dans la recherche du pur style mozartien. Cela me permet d’approfondir mon répertoire de façon nouvelle et plus précise. C’est très intéressant. C’est vraiment un bonus qui complète ma formation !

Mikhael Piccone, participant à la résidence Mozart

Pianistes chefs de chant et chanteurs talentueux désireux d’approfondir et d’affiner l’interprétation du répertoire mozartien savent à quelle porte frapper. Celle de l’Académie leur est grande ouverte. Les voilà invités à vivre une expérience enrichissante et formatrice aux côtés de grands pédagogues mozartiens tels que Susanna Eken, professeure de chant à l'Académie royale de musique du Danemark. C’est en adoptant une approche à la fois technique et physiologique de la voix que cette dernière aborde avec passion l’œuvre de Mozart depuis 2008. Outre le coaching vocal, cette résidence de chant s’agrémente d’un travail musical dispensé par de brillants pianistes chefs de chant, d’un travail scénique et/ou chorégraphique placé entre les mains expertes de Leah Hausman, ainsi que d'un travail sur la diction aux côtés d’un coach de langue. Les chanteurs de la résidence Mozart sont régulièrement confrontés au public dans la mesure où certaines séances de travail sont accessibles à tous et qu’ils se produisent en concerts à Aix-en-Provence et ses alentours. Des rencontres pédagogiques sont également organisées en lien avec Passerelles, le service éducatif et socio-artistique du Festival. Libre aux étudiants de l’Académie d’assister aux représentations de l’ouvrage mozartien de l’édition en cours et de rencontrer, au hasard des espaces de convivialité dont dispose l’Archevêché, tel ou tel chanteur de la distribution. Un jour peut-être leur tour viendra… car, ce ne sont pas les exemples qui manquent d’ex-académiciens ayant décroché leur premier rôle au Festival !

Toujours dans le cadre du pôle Voix, une deuxième résidence est proposée pour approfondir des répertoires en lien avec la programmation du Festival et confronter les jeunes chanteurs au répertoire contemporain et à la création. Ces chanteurs ont en effet l’opportunité d’entretenir une relation privilégiée avec des compositeurs d’aujourd’hui et de découvrir la création à travers la fréquentation des compositeurs eux-mêmes et de leurs univers respectifs.  
Lorsque la programmation du Festival d’Aix s’y prête (créations mondiales et/ou ouvrages rares), il est fréquent que l’Académie engage des doublures susceptibles de remplacer les chanteurs qui, pour des raisons diverses, ne seraient pas en mesure d'assurer une ou plusieurs représentations, ou participer aux tournées de la production en question. Pendant leur séjour aixois, les doublures prennent ainsi une part active aux répétitions et préparent le rôle qui leur est attribué. Leur présence à Aix va cependant bien au-delà de la production en elle-même puisque ces chanteurs en voie de professionnalisation sont amenés à suivre des master classes visant à approfondir le répertoire qu’ils abordent. À titre d’exemple, en 2013, les jeunes chanteurs engagés comme doublure sur la production d'Elena de Cavalli ont également exploré d’autres opéras du compositeur (La Didone, La Calisto et Il Giasone) sous l’égide bienveillante du claveciniste, organiste et pianofortiste brésilien Nicolau de Figueiredo.

[…] le fait d’être doublure peut aussi donner l’opportunité d’accompagner un spectacle en tournée sur les scènes les plus prestigieuses, comme par exemple le Royal Opera House de Londres où Written on Skin a été donné cette année. Au final, je ne suis pas monté sur scène, mais c’était déjà une chance incroyable d’être là, et de travailler avec George Benjamin et Katie Mitchell dans l’un des plus grands opéras au monde. Tout ça, grâce à l’Académie !

Rodrigo Ferreira, contre-ténor, doublure dans Thanks to my Eyes d’Oscar Bianchi (2011) et Written on Skin de George Benjamin (2012)

Les doublures disposent d’une visibilité sans pareil dès lors qu’ils remplacent au pied levé les chanteurs qu’ils doublent lors des premières représentations, ou dans le cadre de tournées. À titre d’exemple, la mezzo-soprano Rebecca Jo Loeb, doublure de Victoria Simmonds sur les rôles d’Angel 2 et de Marie dans Written on Skin de George Benjamin, a fini par assurer la plupart des représentations de cette création de 2012. Une occasion inespérée pour une chanteuse en quête de succès !

ÇA COMMENCE FORTISSIMO EN MUSIQUE DE CHAMBRE

Les résidences de perfectionnement dans le domaine de la musique de chambre s’adressent chaque année à des ensembles à géométrie variable, préalablement constitués. Encadrées par des pédagogues hors pair autant que par des chambristes passionnés, elles s’accompagnent d’une immersion en plein cœur du Festival d’Aix, terreau fertile donnant lieu à des projets artistiques aux dimensions multiples. Pour ces ensembles à l’orée ou au début d’une carrière professionnelle, la proximité du Festival constitue une vitrine incontournable au sein du paysage musical dans lequel ils s’inscrivent. Ces ensembles sont encouragés à explorer aussi bien le répertoire classique que la musique contemporaine au contact de compositeurs d’aujourd’hui. Ces résidences sont également l’occasion d’alimenter chez ces musiciens le goût de la transmission, de l’innovation, de la médiation et de l’interaction avec tous les publics.

UN PROFESSEUR NOMMÉ KURTÁG

2009 est une année exceptionnelle pour l’Académie européenne de musique d’Aix-en-Provence. Pour encadrer la résidence de musique de chambre, on fait appel à rien de moins que le compositeur hongrois György Kurtág, véritable monument vivant ! Il s’accompagne pour l’occasion du violoniste Gabor Takácz qui dispense lui aussi des cours qui touchent à l’ineffable.

Kurtág est connu pour son œuvre et ses master classes de musique de chambre. Les Modigliani (quatuor à cordes Lauréat HSBC 2007) en parlent comme une expérience qui les a profondément transformés. Kurtág s’intéresse à chaque note et à chaque espace entre les notes. Nous avons appris que c’est la dernière fois de sa vie qu’il enseignerait, et qu’il désignait Gabor Takácz comme son héritier musical.

Émilie Delorme, La Marseillaise, 2 juillet 2009

Après avoir prodigué ses conseils aux jeunes instrumentistes de l’Académie, György Kurtág  se produit en récital aux côtés de son épouse, un moment unique si l’on en croit les mots de Chantal Cazaux, critique musicale de l’Avant-Scène Opéra :

[…] le plateau laissait place à la quintessence de la musique de chambre vécue en famille, osmose souriante des corps et des âmes : sonorisés par leur fils, György Kurtág Junior, le compositeur et son épouse Márta proposaient un programme de pièces pour piano droit avec sourdine, tantôt à quatre mains, tantôt à deux. Voir ce couple octogénaire riche de 62 ans d’histoire et de partenariat musical, de dos, partager tabouret et clavier dans une douce alchimie de regards échangés, de balancements délicats, de précautions infinies, c’était voir l’acte musical dans sa dimension palpable d’humanisme et de tendresse. […] Bissant Bach plus qu’eux-mêmes, les époux Kurtág disparurent en coulisses comme deux moineaux, nous laissant rêveurs avec ce sentiment d’avoir effleuré un instant une forme d’éternité.

Parmi les grands musiciens ayant tôt ou tard encadré la résidence de musique de chambre, citons entre autres Andràs Keller, Jonathan Harvey, Simon Bernardini, David Alberman, Éric Le Sage, Jean-Guihen Queyras, Tabea Zimmermann.

CATALYSEUR DE CRÉATIONS & RÉVÉLATEUR DE CRÉATEURS ET DE CRÉATRICES

L’Académie accorde une grande place à la création. Le nombre considérable de commandes passées par l’Académie donnant lieu à des créations mondiales en est la preuve. Il convient de rappeler que bon nombre de ces œuvres ne pourraient voir le jour sans le soutien de la Sacem. Ces commandes sont un moyen d’accompagner les jeunes compositeurs en résidence tout en leur laissant le loisir de se familiariser avec de nouveaux langages. Certains n’ont jamais composé pour la voix ou éprouvent le besoin d’approfondir leur écriture vocale, de se frotter à la théâtralité ou de se confronter à un support textuel : autant d’étapes constitutives de la création d’un opéra. D’autres bénéficient de temps d’échange et d’expérimentation avec des ensembles de musique de chambre et peuvent ainsi affiner leur langage au contact des instrumentistes. Quel que soit le modus operandi, la création contribue à renforcer les liens entre les interprètes et les créateurs d’aujourd’hui.

Outre la place accordée à la musique contemporaine et aux formes artistiques innovantes dans le cadre des résidences de chant et de musique de chambre, un Atelier d’Opéra en Création (AOC) auquel prennent part de jeunes créateurs venus du monde entier est proposé sur la période festivalière. La contribution de la SACD est à cet égard décisive. L’Atelier d’Opéra en Création vise à encourager une réflexion et une expérimentation partagée sur la création de nouvelles formes artistiques tout en stimulant le dialogue interdisciplinaire et intergénérationnel. C’est dans un contexte aussi foisonnant que naissent de nombreux projets innovants et que de fructueuses collaborations sont amorcées. Les Ateliers de Création et d'Innovation (ACI) sont l’occasion de présenter au public de nouvelles formes de spectacle. À l’issue des représentations, le public est invité à interagir avec les créateurs et les interprètes. En participant de la sorte, le public prend une part active à la conception des formes opératiques de demain.

Nombreux sont les artistes/pédagogues de renom ayant animé et encadré les ateliers du pôle Création : les compositeurs Michael Jarrell, Laurent Dailleau, Manfred Trojahn, George Benjamin et la compositrice Ana Sokolović ; les dramaturges Martin Crimp, Willem Bruls et Klaus Bertisch ; le compositeur et chef d’orchestre Peter Eötvös ; les metteurs en scène Michael McCarthy, Daniel Jeanneteau et la metteuse en scène Katie Mitchell. Bien que la création et la présentation de nouvelles productions ne soient pas la finalité première de ces ateliers de création, certains spectacles naissent de la rencontre de jeunes artistes à Aix et sont finalisés grâce aux ressources apportées par le Festival et aux réflexions menées dans le cadre de l’Académie. C’est le cas de Thanks to My Eyes d’Oscar Bianchi, sur un livret de Joël Pommerat (2011) ; de l’opéra Le Premier meurtre d'Arthur Lavandier créé à l’Opéra de Lille (2016) ; de The House Taken Over composé par Vasco Mendonça et mis en scène par Katie Mitchell (2013) ; de Hidden in Plain Sight, déambulation de Aaron Einbold et Jude Christian (2016).

Sous l’impulsion du Festival d’Aix-en-Provence, un itinéraire de réflexion autour de la place des créatrices dans le monde de l’opéra est amorcé en 2016. Un premier volet, organisé par l’Académie et supervisé par la metteuse en scène Katie Mitchell, se tient alors à Londres. Réunissant cheffes d’orchestre, metteuses en scène, autrices et compositrices, cet atelier vise à identifier les difficultés rencontrées par les femmes dans le domaine de la création à l’opéra. En guise de deuxième volet et dans le prolongement d’une étude intitulée « Où sont les femmes ? Toujours pas là ! » menée par la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD), le Festival d’Aix dédie une journée d’étude à Paris sur le thème des « Créatrices dans le spectacle vivant » en collaboration avec la SACD et le British Council. En juin 2017, dans le cadre de l’Académie du Festival d’Aix, une autre nouvelle étape de réflexion contribue à poser les bases d’un dialogue interprofessionnel sur le sujet des créatrices à l’opéra.

L’ACADÉMIE : UNE PÉPINIÈRE D’ÉTOILES

On ne peut pas tous les citer tant ils sont nombreux à voir leur nom en tête d’affiche. En y regardant de plus près, on peut remarquer qu’une petite étoile vient orner leur patronyme. Elle est à la fois le signe de leur passage par l’Académie du Festival d’Aix-en-Provence et le témoignage de ce à quoi ils sont destinés : devenir des étoiles montantes du chant lyrique. Propulsés au-devant de la scène, leur carrière se déploie dans un périmètre dépassant largement la dimension nationale. Ils forment une nouvelle génération de chanteurs talentueux au cœur d’un monde de l’opéra aussi mouvant que concurrentiel. Revenons sur le parcours de celles et ceux dont on ne saurait soupçonner qu’ils ont été un jour élèves, et qui plus est à l’Académie, tant ils se révèlent être des maîtres aujourd’hui dans leurs domaines respectifs. Mari Eriksmoen (soprano), Julie Fuchs (soprano), Julien Behr (ténor), Sabine Devieilhe (soprano), Rodrigo Ferreira (contre-ténor) et Andreas Wolf (basse), pour ne citer qu’eux parmi les chanteurs, en font partie. Des metteurs en scène tels que Vincent Huguet, participant à l’Atelier d’Opéra en Création en 2011, à l’initiative en 2015 de Encor sur le pavé sonne mon pas nocturne, spectacle soutenu par La Fondation d’entreprise La Poste, et metteur en scène de Didon et Énée en 2018, des compositeurs et compositrices tels que Charlotte Bray, Arthur Lavandier, Vasco Mendonça, des ensembles tels que les quatuors Tana et Arod.

La plupart de ces artistes sont des Lauréats HSBC de l’Académie, c’est notamment le cas de Sabine Devieilhe, Julie Fuchs, Léa Trommenschlager, les quatuors Giocoso, Van Kuijk, Zaïde et Navarra qui ont bénéficié d’un accompagnement spécifique visant à leur donner la visibilité qu’ils méritent au moyen de concerts dans toute la France et même au-delà, ainsi que – pour certains d’entre eux – d’enregistrements. Depuis 2006, HSBC France soutient chaque année une nouvelle promotion de Lauréats. Certains aspects du programme se sont intensifiés au fil du temps : d’une part, les Lauréats sont amenés à se produire régulièrement lors d’Aix en juin comme en juillet ; d’autre part, ils effectuent des tournées en France comme à l’étranger (Hong Kong, Chili, États-Unis), que des partenariats sur le long terme avec la Philharmonie de Paris et l’Opéra de Lille viennent renforcer ; enfin, quatre enregistrements réunissant des Lauréats HSBC sont parus chez Alpha Classics (Outhere Music). Cette série de disques est une manière parmi tant d’autres de valoriser cette nouvelle génération d’artistes.

  • Black Is the Colour : Anna Stéphany (mezzo-soprano), Labyrinth Ensemble (février 2018)
  • Mozart : Quatuor Van Kuijk (septembre 2016)
  • Grieg Wolf Strauss Grøndhal : Mari Eriksmoen (soprano), Alphonse Cemin (piano) (février 2016)
  • Nocturnes : Rupert Charlesworth (ténor), Edwige Herchenroder (piano) (janvier 2015)

Complice de la première heure, l’association des Amis du Festival continue de remplir avec passion et générosité sa mission d’accueil envers les élèves et les équipes d’encadrement de toutes les résidences de l’Académie. Ces Aixois férus de musique vont à la rencontre des jeunes artistes et ne manquent pas de leur faire découvrir les trésors que renferme leur ville et ses alentours. Des liens privilégiés se tissent entre jeunes artistes et Amis du Festival et débouchent parfois sur de belles relations d’amitié. Chaque année, deux prix sont décernés aux artistes de l’Académie qui ont su se démarquer. Par ailleurs, la remise du Prix Gabriel Dussurget récompensant chaque année un artiste révélé par l’Académie reste un temps fort de la période festivalière.

L’ACADÉMIE SE TOURNE VERS LA MÉDITERRANÉE

Depuis 2009, l’Académie mène plus que jamais une politique d’ouverture en faveur des artistes issus des pays du bassin méditerranéen. Cela est rendu visible dans sa programmation qui s’enrichit dès lors de créateurs et d’interprètes aux multiples horizons, mêlant ainsi les musiques de tradition écrite et orale, savantes et improvisées. Il s’agit non seulement d’amorcer un dialogue interculturel fécond, mais aussi de le pérenniser en travaillant sur le long terme avec plusieurs artistes afin de construire avec eux une relation de fidélité.

DE LA COLLABORATION À L’INTÉGRATION : L’ORCHESTRE DES JEUNES DE LA MÉDITERRANÉE

Créé à l'initiative de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur et du Ministère de la culture, l'Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (OJM) est présent depuis 1984 dans l'espace culturel méditerranéen. Recrutés sur audition dans les conservatoires et les orchestres de jeunes de plusieurs pays du pourtour méditerranéen, de jeunes instrumentistes reçoivent l’opportunité de se perfectionner aux côtés de musiciens chevronnés et de vivre leurs premières expériences de concert. En favorisant la circulation d’artistes méditerranéens sur la base d’un partage d’expériences, l’OJM constitue l’une des réponses concrètes que la musique peut apporter aux tensions identitaires auxquelles le monde est en proie. Des relations d'échange et de coopération sont ainsi développées avec une vingtaine de pays riverains.
À partir de 2010, le Festival d'Aix-en-Provence et l'OJM s’associent pour fonder une Académie d'orchestre, en collaboration avec le London Symphony Orchestra (LSO) en résidence au Festival. Aussi, la session d'été de l'OJM se tient-elle chaque année sous la direction d'un chef d'orchestre de renom et d'une équipe pédagogique du LSO. La session symphonique de l’OJM a pour vocation de transmettre le plaisir d’interpréter le répertoire symphonique pour grand effectif d’orchestre. François-Xavier Roth, Alain Altinoglu, Carlo Rizzi et Sir Simon Rattle – pour ne citer qu’eux –  se relaieront sur le podium à la direction de l’OJM.

En 2014, au terme de quatre années de collaboration et à la demande des pouvoirs publics, l’OJM devient une composante de l’Académie européenne de musique qui, dès lors, change de nom pour s’ouvrir à une entité géographique et culturelle plus large en devenant l’Académie du Festival d’Aix. L’OJM poursuit de la sorte ses missions comme ses objectifs. Cette intégration vise à donner un nouvel élan aux projets de création à caractère interculturel et permet notamment d’augmenter le budget artistique et le budget de diffusion. Mécénat Musical Société Générale apporte son soutien à l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée depuis son intégration au Festival d’Aix en 2014.

Ce qui les rassemble ? La musique. Mais, surtout, la Méditerranée. Ils sont tunisiens, espagnols, turques, syriens, palestiniens, italiens, égyptiens, israéliens ou croates. Un orchestre constitué par des jeunes issus de tous les pays du bassin méditerranéen. Un orchestre à la triple diversité culturelle, géographique et confessionnelle.

I/O Gazette, 15 juillet 2016, par Chrysoline Dupont

En 2015, la session de création interculturelle voit le jour en complément de la session symphonique de l’OJM. Il s’agit là de développer des formes musicales nouvelles, élaborées collectivement par des musiciens d’horizons artistiques, esthétiques et culturels variés. L’ajout de la session de création interculturelle dans le programme de l’OJM vise à  préserver et renouveler un patrimoine culturel issu d’un socle commun, riche de croisements et d’influences, de stimuler une démarche de création par le biais d’un dialogue interculturel fécond, et de favoriser la transmission et la réappropriation du patrimoine musical euro-méditerranéen auprès des générations futures.

J’ai rencontré d’excellents musiciens très expérimentés. Jouer avec eux m’a donné encore davantage l’envie de me former auprès de tous et d’interpréter la musique aussi bien que possible. L’une des expériences les plus marquantes a été également la rencontre avec le groupe de la session interculturelle qui m’a permis de découvrir différentes cultures, musiques et instruments.

Samantha Skorja, 20 ans, originaire de Slovénie, clarinettiste participant à la session symphonique de l’OJM

Outre les concerts symphoniques et les concerts de création interculturelle qui ponctuent chaque édition, l’OJM prend une part active à deux projets participatifs de grande envergure du Festival : Le Monstre du labyrinthe en 2015 et Orfeo & Majnun en 2018. La Fondation d’entreprise Total, qui soutient habituellement les projets éducatifs du service Passerelles, a souhaité dans la continuité du soutien qu’elle avait apporté à la création du Monstre du Labyrinthe en 2015, apporter son aide à la création d’Orfeo & Majnun.
Sous l’impulsion du chef Sir Simon Rattle, l’opéra participatif Le Monstre du labyrinthe composé par Jonathan Dove est une commande du Berliner Philharmoniker, du London Symphony Orchestra (LSO) et du Festival d'Aix-en-Provence qui mêle certains musiciens professionnels du LSO, l'Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, ainsi que les choristes amateurs du service éducatif et socio-artistique du Festival, Passerelles. Après deux versions semi-scéniques à la Philharmonie de Berlin, puis au Barbican Centre de Londres, le Grand Théâtre de Provence accueille la première version scénique de l’ouvrage. Tiré du mythe de Thésée et du Minotaure, le livret d'Alasdair Middleton remplit merveilleusement sa fonction d’opéra d'aventure.

Conçu par l’artiste Airan Berg, Orfeo & Majnun est le projet multidisciplinaire et participatif de l’édition 2018. Cette création explore les multiples facettes de deux mythes fondateurs des civilisations occidentales et orientales : Orphée & Eurydice et Layla & Majnun. Mêlant des influences occidentales et orientales, la partition confiée aux compositeurs Dick van der Harst, Howard Moody et Moneim Adwan, est interprétée en anglais, français et arabe par quatre jeunes solistes, accompagnés par des musiciens de l’OJM, ainsi que des professionnels et 150 choristes amateurs. Bénéficiant du soutien du programme Europe Créative de l’Union européenne, il s’agit d’une co-commande et co-production du Festival d’Aix-en-Provence (France), La Monnaie / De Munt (Belgique), Valletta 2018 Foundation (Malte), Wiener Konzerthausgesellschaft (Autriche), Krakowskie Biuro Festiwalowe (Pologne), Operadagen Rotterdam (Pays-Bas), Santa Maria da Feira (Portugal).

Cet opéra bénéficie du soutien exceptionnel de la Eloise Susanna Gale Foundation, de la Fondation Bettencourt Schueller et du Fonds Chœur à l’ouvrage.

LE GOÛT DE LA TRANSMISSION OU LA CRÉATION DES « ARTISTES-RELAIS »

La recherche d’excellence n’a de sens que si elle s’accompagne du désir de transmettre. C’est l’une des raisons pour lesquelles, les musiciens de l’OJM et autres musiciens en voie de professionnalisation bénéficient très tôt d'une formation en matière de pédagogie de la musique et ce, en parallèle de leur session symphonique. L’année 2010 marque en effet la naissance d’une session réservée aux « Musiciens-relais ». L’Académie propose aux futurs musiciens professionnels montrant une certaine sensibilité à la pédagogie, une formation portant sur la transmission, l’initiation et la découverte de la musique en direction du jeune public et de publics dits éloignés ou empêchés. Entre 2010 et 2013 – années de résidence du London Symphony Orchestra (LSO) au Festival d’Aix-en-Provence – de nombreux projets pédagogiques voient ainsi le jour sous l’impulsion de l’Académie, de Passerelles, le service éducatif et socio-artistique du Festival, et du LSO Discovery, département pédagogique du LSO.
La proposition s’ouvre bientôt aux chanteurs. Musiciens-relais et Chanteurs-relais peuvent ainsi acquérir des techniques et développer des outils de médiation avant de les mettre en application sur le terrain. Les publics auxquels s’adressent Passerelles prennent part aux projets à la fois créatifs et participatifs que les Artistes-relais conçoivent dans le cadre de leur formation. Et la famille de l’Académie s’agrandit…

Chacun peut entrer dans le monde de la musique, de l’opéra. Le rôle des Musiciens-relais, c’est de faire vivre cette idée.

Mark Withers, coordinateur artistique et pédagogique du London Symphony Orchestra Discovery

UN ACCOMPAGNEMENT SUR-MESURE

Mis en place depuis 2015 en partenariat avec la Philharmonie de Paris, des workshops en entrepreneuriat culturel complètent la plupart des programmes de formation. Dans un secteur culturel fragilisé par une perpétuelle remise en question des modèles économiques, les acteurs du secteur culturel doivent faire preuve d’une inventivité jamais prise à défaut. Il s’agit donc de valoriser certains modèles entrepreneuriaux innovants tout en apportant des informations pratiques et concrètes à l’attention des artistes susceptibles au cours de leur carrière d’endosser le rôle d’entrepreneurs culturels. Savoir faire face aux mutations digitales qui impactent chacune de leurs pratiques, de leurs modes de communication et de leurs outils de travail est également au cœur de cette formation. Aussi, les ensembles participant à la résidence de musique de chambre, les musiciens de l’OJM et les artistes membres d’enoa bénéficient de conseils avisés en matière de développement de carrière comme de projet. Cette expertise spécialisée recouvre tous les aspects pratiques auxquels musiciens individuels et ensembles sont susceptibles de faire face (la communication auto-promotionnelle, le développement, la diffusion...).

VOUS AVEZ DIT « PRODUCTIONS DE L’ACADÉMIE » ?

L'Académie produit des opéras et des spectacles qui font partie intégrante de la programmation du Festival d'Aix-en-Provence. Chaque année, un ou deux spectacles font ainsi appel à de jeunes artistes à l’orée d’une carrière prometteuse. Cela leur permet de collaborer avec de grands artistes d’aujourd’hui, qu’ils soient chefs, chanteurs ou metteurs en scène. Pendant leur période de résidence à Aix-en-Provence, les jeunes artistes bénéficient d’un encadrement privilégié et sont associés aux actions menées par l’Académie. Les productions partent ensuite en tournée à travers l’Europe, ce qui permet aux artistes d’acquérir une expérience sur scène dans la durée. Certaines de ces productions font l’objet de workshops en amont tant elles sont conçues pour donner l’opportunité aux jeunes artistes de participer au processus de création et de production d’un opéra et ce, dans son intégralité. C’est notamment le cas en 2011 de Acis and Galatea de Händel. Les jeunes artistes sont ainsi impliqués dans le travail de recréation de l’ouvrage baroque avec le chorégraphe Saburo Teshigawara et le chef d’orchestre Leonardo García Alarcón. Ces workshops permettent aux jeunes chanteurs de se familiariser avec un nouveau répertoire ou, dans le cadre d’une création, de « faire connaissance » avec la partition.

Rencontrer d’autres jeunes chanteurs de mon âge venus du monde entier m’a ouvert les yeux sur la réalité de notre environnement professionnel : les grands conservatoires ne forment qu’une toute petite minorité des talents musicaux en Europe. Côtoyer au jour le jour de jeunes artistes talentueux, tous polyglottes et pleins d’enthousiasme, m’a énormément encouragée et m’a incitée à donner le meilleur de moi-même.

Julie Fuchs, soprano française, rôle-titre dans Acis and Galatea, Festival d’Aix-en-Provence, juillet 2011, participante à la résidence Mozart de 2009

L’ACADÉMIE SUR LA SCÈNE HISTORIQUE DE LA COUR DE L’ARCHEVÊCHÉ

Depuis sa création en 1998, trois productions d’opéra de l’Académie se déploient sur la scène historique de la Cour de l’Archevêché, la dernière marque d’ailleurs les vingt ans de l’Académie et les soixante-dix ans du Festival d’Aix.
Éminemment poétique et dépouillée, La Flûte enchantée signée Stéphane Braunschweig conçue au cœur d’une Académie naissante et présentée en 1999 au Grand Saint-Jean revient quelques années plus tard à Aix-en-Provence dans un décor moins champêtre que le précédent, quoique toujours en plein air. C’est en effet au Théâtre de l’Archevêché qu’a lieu la reprise du singspiel mozartien. Philippe Jordan dirige alors l'orchestre de l'Opéra national de Lyon, Stéphane Degout campe un Papageno drôle et truculent, tandis que Natalie Dessay fait ses adieux au rôle de la Reine de la nuit.

[…] Sans aucun doute la meilleure production de l'Académie européenne, enfant prodige du Festival, depuis sa fondation en 1998.

La Libre Belgique, 2001

Dans le cadre de l’édition 2009 du Festival d’Aix-en-Provence dont le thème n’est autre que le rapport entre opéra et mythe, l’Académie européenne de musique présente Orphée aux enfers, ouvrage d’Offenbach au caractère léger. C’est dans le cadre emblématique de la Cour de l’Archevêché que de jeunes espoirs lyriques font leurs preuves aux côtés d’artistes reconnus parmi lesquels figurent le metteur en scène Yves Beaunesne et le chef Alain Altinoglu. Dans cette maison bourgeoise sur quatre étages faisant office de décor, déambule toute la fine fleur du chant français que l’Académie a pris soin de repérer. Mathias Vidal fait une entrée remarquée en Aristée ; Emmanuelle de Negri en Cupidon charme le public avec son couplet des baisers.

Pour marquer les soixante-dix ans du Festival, les vingt ans de l’Académie et la dernière année programmée par Bernard Foccroulle à la tête du Festival d’Aix, l’édition 2018 propose un chef-d’œuvre de la musique baroque : Didon et Énée de Purcell. C’est entre les mains expertes de l’Académie qu’est confiée cette nouvelle production et ce, dans le cadre prestigieux du Théâtre de l’Archevêché. L’orchestre et le chœur Pygmalion soutiennent une galerie de chanteurs de l’Académie. C’est le metteur en scène Vincent Huguet, à l’orée de sa carrière, qui signe la mise en scène. Un prologue écrit pour l’occasion, a pour ambition de raconter tout ce qui a précédé l’installation de Didon à Carthage. Et cette histoire fait écho à l’actualité, aux violences que subissent certaines femmes, mais aussi aux histoires d’errance, d’exil, de toutes celles et ceux qui prennent la mer en quête d’un futur plus désirable. On découvre que Didon et Énée est une histoire née de la Méditerranée, ce qui donne tout son sens au fait de placer cette production sous l’égide de l’Académie.

TISSER ET RESSERRER LES LIENS EUROPÉENS OU LA NAISSANCE D'ENOA

Si enoa avait une devise, ce serait certainement « Unissons nos forces ! ». C’est en 2009, alors que l’Europe s’enlise dans une crise économique majeure, que germe l’idée lumineuse de créer un réseau européen d’académies d’opéra. Accueillie avec enthousiasme par toutes les institutions du monde lyrique consultées (académies, festivals, fondations, producteurs d’opéra), l’idée finit par revêtir une forme concrète et par prendre un nom pour ne pas dire un sigle, celui d’enoa (european network of opera academies). Aussi, l’Académie fonde-t-elle un réseau de onze institutions européennes d'opéra ayant pour principales missions celles d’organiser des ateliers de formation, de favoriser la mobilité des jeunes artistes et d’encourager les créations d’opéras à travers des co-commandes et des coproductions européennes. Le soutien du Programme Culture de la Commission européenne, dont bénéficie enoa dès 2011, lui permet d’élaborer un tel programme sur cinq ans. Cette communauté artistique – vivier de créativité, d’innovation et d’excellence – peut ainsi amorcer un chantier de réflexion autour de l’avenir de l’opéra tout en participant activement à sa construction.

La formation constitue l’un des piliers du réseau. Des ateliers de perfectionnement aussi divers que variés sont proposés dans toute l’Europe pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes artistes et créateurs. L’environnement est des plus stimulants. Une kyrielle d’artistes de renom parmi lesquels Natalie Dessay, Helmut Deutsch, Peter Eötvös, Lawrence Foster, Barbara Hannigan, Martin Crimp et José van Dam prennent part à ces activités. Et la magie des rencontres opère… Des carrières sont lancées ; des projets artistiques expérimentaux peuvent éclore.

Après l’atelier enoa à Amsterdam auquel j’ai participé, le chef d’orchestre m’a invité à chanter un petit rôle dans Rigoletto à l’étranger ! C’est une des raisons pour lesquelles enoa est si important pour nous.

Michael Wilmering, baryton

J’ai pu créer de nouvelles pièces dans un environnement stimulant dans lequel j’ai été libre d’expérimenter et de pousser les choses à l’extrême pour définir les limites. Ma découverte, c’est qu’il n’y a pas de limites !

Jamie Man, compositrice

Au cours des cinq premières années, sept productions, parmi lesquelles trois créations, sont initiées par le réseau.

Je souhaite que ce que le réseau enoa fait pour et avec les jeunes artistes devienne la norme pour les réseaux et initiatives de ce genre… J’ai de bonnes raisons de croire que, dans un futur proche, un grand nombre de collaborations et de projets liés d’une façon ou d’une autre à enoa se retrouveront sur les scènes du théâtre musical européen.

Vasco Mendonça, compositeur de l’opéra The House Taken Over (2013)

Animé d’un souci constant d’exigence artistique, enoa explore de nouveaux formats en mesure de répondre aux contraintes de mobilité et de réduction des coûts de production. Loin de passer inaperçus, la plupart de ces projets artistiques suscite, si ce n’est l’enthousiasme, pour le moins la curiosité de la presse. À titre d’exemple, le spectacle Trauernacht, donné dès 2014 en France comme dans d’autres pays européens, remporte un réel succès médiatique.

Au jeu des mélanges, Trauernacht est fascinant comme un prototype : ce n’est pas un opéra, ce n’est pas une pièce, ce n’est pas un concert mais une œuvre hybride, forme expérimentale à la vision et à la force singulière. Ses ingrédients ne sont pas originaux, c’est de leur combinaison et cuisson que naît un plat unique.

Libération, 15 juillet 2014

Fort du succès de son premier volet, le réseau enoa bénéficie à nouveau du soutien du programme Europe Créative de l’Union européenne de mai 2016 à mai 2020. Et le réseau de renouveler son engagement auprès des artistes en voie de professionnalisation en lançant un nouveau programme intitulé Young Opera Makers à destination des interprètes et des créateurs et créatrices.

AIX EN JUIN, L’ANTICHAMBRE DU FESTIVAL

Le rendez-vous est fixé depuis 2013 : joyeux préambule au Festival d’Aix-en-Provence, Aix en juin réunit chaque année un public nombreux et enthousiaste autour d’un programme et de manifestations aussi riches que variées (concerts, récitals, master classes publiques, répétitions d’opéras…). Une soixantaine de manifestations culturelles et musicales ont lieu dans la ville d’Aix-en-Provence et les différentes communes de la région. C’est sous l’impulsion de Bernard Foccroulle, désireux d’ouvrir le Festival à un public toujours plus large et diversifié, que ce foisonnant prélude a vu le jour. Aix en juin met d’ailleurs l’accent sur l’ouverture à toutes les musiques, ainsi que sur la médiation à travers le développement de programmes de sensibilisation à la musique capables de s’adresser à tous les publics.

En accès gratuit ou peu onéreux, il est possible d’y découvrir de jeunes talents de l'Académie, des artistes de renom, ainsi que des propositions inventives concoctées par Passerelles, le service éducatif et socio-artistique. Le PASS, laissez-passer nominatif, donne accès à toutes les manifestations publiques de l’Académie du Festival d'Aix et à la plupart de celles d'Aix en juin, ainsi qu'à un tarif préférentiel sur l'ensemble de la programmation de concerts. Pour clore Aix en juin et ouvrir l’édition du Festival, un grand concert gratuit intitulé PARADE[S] a lieu sur le Cours Mirabeau devant plus de 5000 spectateurs.

ET MEDINEA FUT

Outre le développement des sessions de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, il est question dès 2011 de resserrer les liens entre le Festival, idéalement ancré dans un territoire marqué par une grande diversité culturelle et ethnique, et les pays du bassin méditerranéen par le biais d’un rassemblement de partenaires autour de la Méditerranée. Un réseau commence dès lors à se constituer sous l’impulsion du Festival d’Aix, actif sur 17 pays de la région euro-méditerranéenne, il prend le nom de Medinea (Mediterranean Incubator of Emerging Artists) en 2015. Coordonné par le Festival, le réseau Medinea se compose d’organisations culturelles de la région euro-méditerranéenne (instituts d’enseignement supérieur, centres culturels, festivals, marchés de la musique, lieux de diffusion) qui forment des musiciens, produisent et diffusent des projets artistiques. La principale mission du réseau est d’accompagner des artistes émergents porteurs de projets innovants en les guidant dans la conception, la mise en œuvre et la diffusion de leurs projets artistiques. Le réseau souhaite également développer les échanges entre les acteurs de la scène culturelle, favoriser la circulation des artistes autour du bassin méditerranéen et en Europe, et encourager la réflexion sur la création artistique dans cette région. Les partenaires de ce réseau ont à cœur de créer encore et toujours des espaces propices à la création interculturelle et développent autant que faire se peut des sessions de création interculturelle. Un des projets portés par Medinea a été celui de l’ensemble Cairo Jazz Station. Issus de la session interculturelle et dénichés grâce au réseau Medinea, ces quatre musiciens venus d’Égypte, de Turquie, du Portugal et d’Italie, se sont réunis pour construire, sur la base d’un partage d’expériences, une identité musicale commune.

Nous sommes tous des musiciens avec une formation musicale solide ainsi qu’une sensibilité musicale et une tradition forte, mais aucun d’entre nous ne souhaite se contenter de cela. Au contraire, nous avons tous le désir d’aller au-delà, de dépasser nos propres connaissances, d’aller à la rencontre de l’autre. […] Au Caire, nous avons trouvé un environnement très fertile pour travailler à la construction de notre identité artistique.

Loris Lari, contrebassiste de Cairo Jazz Station

Les créations mondiales, commandes de l’Académie

2018
Ondřej Adámek, Seven Stones – opéra a capella
Bastien David, Création mondiale pour quatuor à cordes
Charlotte Bray, Création mondiale pour alto solo
Arthur Lavandier, Création mondiale pour voix et piano
Diana Soh, Création mondiale pour quatuor
Samy Moussa, Création mondiale

2017
Ondřej Adámek, Throwing – ensemble vocal et percussions
Camille Pepin, Lyrae – quatuor à cordes, harpe et percussions
Sivan Eldar, The White Princess – deux sopranos, percussions et électronique
Matthew Herbert, Requiem – quatuor à cordes et musique électronique, création live
Raphaël Languillat, Sauve, Éternel (Ps. 12) – mezzo-soprano, baryton, harpe et deux bols chantants
Oliver Leith, Folk’s Questions – ténor, baryton-basse et piano
Oliver Leith, The Bow – électronique
Robert Pascal, Obscure lumière – quatuor à cordes

2016
Moneim Adwan, Kalîla wa Dimna – opéra
Benjamin Attahir, Asfar – trio avec piano
Nuno da Rocha, Ecce Puer – mezzo-soprano, baryton et piano
Benjamin de la Fuente, Ricochets – octuor à cordes, batterie et bande enregistrée
Sébastien Hervier, D’abord, la fin (donc) – batterie et bande enregistrée
Jug Marković, Ultraterreno – soprano, mezzo-soprano et piano
François Meïmoun, Tsimtsoum – quintette à deux altos
Rene Orth, A Dialogue between Death and Youth – soprano, baryton et piano
Luca Vago, Dredd – quatuor à cordes

2015
Hye-Yeon Choi, st.ring’qu.arte2t – quatuor à cordes
Andrzej Kwiecinski, Per non pensare – mezzo-soprano, piano (deux pianistes)
Thomas Lacôte, Torpeurs – soprano, baryton, quatuor à cordes
Hye-Yeon Choi, No Nonsense – soprano, baryton, piano
Samy Moussa, The Sick Rose – ténor, piano
Alexandre Ouzounoff, Vent noir – mezzo-soprano, piano
Sarah Lianne Lewis, Relativity and Revelation – mezzo-soprano, piano, bols tibétains
Sarah Lianne Lewis, Although You Sit in a Room that is Gray – baryton, piano

2014
Ahmed Essyad, Quatuor avec voix – quatuor à cordes et mezzo
Sebastian Rivas, Stains in the Carpet – quintette avec contrebasse
Francesca Verunelli, Sky and Decaying Sinusoids – contrebasse et électronique

2013
Vasco Mendonça, The House Taken Over – opéra
Laurent Durupt, Super8 – octuor à cordes
François Meïmoun, Untitled – Selon Pollock – quatuor à cordes

2012
Mauro Lanza, Der Kampf zwischen Karneval und Fasten  – octuor à cordes
Malik Magic, Empathie forcée – pièce avec improvisation pour quatuor à cordes, flûte et musicien électronique en temps réel
Gilbert Nouno, Punkt ! – quatuor à cordes, mezzo et électronique à temps réel

2011
Yann Robin, Crescent Scratches – quatuor à cordes
Karol Beffa, Mes Heures de fièvre – trio pour voix, alto et piano
Francisco Coll Garcia, Sguardo verso l'interno – quintette avec clarinette
Zad Moultaka, Maadann – huit voix, piano, cymbalum et percussions

2010
Oscar Strasnoy, Un Retour – opéra
Mark André, iv 8 – trio à cordes
Jonathan Harvey, Songs and Haiku – soprano et piano
Felix Ibarrondo, Botsbi - 3 miniatures – deux sopranos, deux mezzos, chef
Betsy Jolas, Ruht wohl – pour piano et alto
Piotr Moss, Lien entre les jours, d’après un poème de Miriam Van Hee – quatuor et voix

2009
Francesco Filidei, Concertino di Aix – quintette à vents, quatuor à cordes et piano

2008
Christian Bertrand, Satka – flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano et percussions

2007
Franck Bedrossian, Tracés d'ombres – pour quatuor à cordes (date de révision : 2007)

2006
Jérôme Combier, Noir Azur – trio à cordes
Julien Dassié, Œuvre pour quatuor à cordes, mezzo-soprano et baryton – quatuor à cordes, mezzo-soprano et baryton

2005
Bruno Mantovani, Blue Girl with Red Wagon – quatuor à cordes et piano

2001
Georges Aperghis, Profils – pour violoncelle et zarb

1999
Maresz Yan, Festins – douze percussions

1998
Vsevolod Chmoulevitch, Le Rossignol et la Rose – œuvre lyrique
Jonathan Golove, Moisson Rouge (Red Harvest) – œuvre lyrique
Juha T. Kostinen, Madame de Sade – œuvre lyrique
Alexandraos Markeas, Rondo notturno (Jardin secret) – œuvre chorégraphique
Juan Jose Eslava, œuvre chorégraphique

Les lieux de l’Académie au fil du temps

Tout au long de son existence, longue de vingt ans, l’Académie du Festival d’Aix investit un florilège de lieux de représentation tous aussi inspirants les uns que les autres. Elle a à cœur d’investir des lieux emblématiques ou insolites de la ville d’Aix-en-Provence, mais aussi de parcourir les villages environnants avec des concerts de musique de chambre en partenariat avec la Métropole, des concerts où la voix est à l’honneur en partenariat avec le département des Bouches-du-Rhône, ainsi que des concerts de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée en partenariat avec la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Parmi les lieux de répétitions où ont été dispensés la plupart des enseignements de l’Académie, citons le Collège Mignet, l’Auditorium de la Cité du livre, le Théâtre du Jeu de Paume, la Cour de l’Hôtel de ville, le Grand Théâtre de Provence, le Conservatoire Darius Milhaud d’Aix-en-Provence et la Cour de l’Hôtel Maynier d'Oppède.

Rédaction : Aurélie Barbuscia
Entretiens réalisés avec Béatrice de Laage, Antoine Manceau et Émilie Delorme – Propos recueillis par Aurélie Barbuscia

Depuis 2019

Depuis 2019

Depuis 2019

Depuis 2019

En 2023, l’Académie du Festival d’Aix fête ses 25 ans. Plus qu’un anniversaire, cette édition marque une étape importante dans son histoire et dans le rôle qu’elle tient dans le paysage des académies en France et à l’étranger, ainsi qu’au sein du Festival.

Lorsqu’elle est créée en 1998, l’Académie s’inscrit dans une dynamique de renaissance du Festival d’Aix. Elle en devient l’un des actes marquants qui font d’Aix-en-Provence un écrin pour l’opéra d’aujourd’hui autant qu’un lieu de transmission. D’année en année, l’Académie se définit en harmonie avec la programmation du Festival – elle est en ce sens aujourd’hui rattachée à la direction de l’Administration artistique du Festival d’Aix – et à travers ceux et celles qui l’ont créée puis dirigée. Mais elle se caractérise aussi par sa capacité à agir sur différents enjeux que rencontre le secteur. Lorsqu’à l’été 2020 la pandémie impose l’annulation du Festival, l’Académie parvient à maintenir la plupart de ses activités en les remodelant de telle sorte qu’elles accélèrent son évolution et redéfinissent ses fondements : accompagner la recherche et le développement artistique ; encourager la créativité ; créer des opportunités ; développer la diversité culturelle, générationnelle, sociale et disciplinaire ; dessiner de nouveaux horizons pour l’avenir de l’opéra.

Paul Briottet
Directeur adjoint de l’Académie et de la Programmation des concerts

 

LES ARTISTES DE L’ACADÉMIE

Issus de 22 pays différents, les 77 artistes invités à l’Académie en 2023 ne représentent pas moins de 14 professions différentes. En plus des artistes lyriques, des instrumentistes et des métiers de la création musicale, scénique et littéraire que l’Académie accompagne depuis ses débuts, de nouvelles professions y trouvent désormais leur place : productrices, chorégraphes, réalisatrice de films, scénographes, créatrices de costumes. A travers cette diversité de métiers, de profils et de parcours, l’Académie s’adresse à l’ensemble de l’écosystème de l’opéra et du spectacle vivant, permettant ainsi de renforcer le dialogue entre les arts et entre les esthétiques. En abolissant toute limite d’âge dans son recrutement, l’Académie se fait par ailleurs l’écho d’une génération d’artistes accomplis qui font de l’opéra un genre en mouvement qui regarde vers l’avenir.

LES NOUVEAUX MENTORS

Cette édition anniversaire voit paraître de nouveaux visages aux côtés de ceux qui ont contribué aux nouveaux fondements de l’Académie. La metteuse en scène britannique Katie Mitchell qui dirige pour la septième année consécutive un atelier dédié aux créatrices à l’opéra, s’associe cette année à la chanteuse Julia Bullock ainsi qu’à la coach d’intimité Ita O’Brien dont la réputation s’est faite sur les plateaux de tournages et plus récemment à l’opéra. Le pianiste russo-américain Kirill Gerstein et le professeur de chant à la Juilliard Music School de New York Darrell Babidge interviennent à l’Académie pour la première fois. Ils aborderont respectivement les métiers d’instrumentistes et d’artistes lyriques dans une démarche de perfectionnement et d’ouverture. La chanteuse néerlandaise Claron McFadden et les metteurs en scène Emily Wilson, Jos Houben ou encore Sjaron Minailo, ancien artiste de l’Académie, complètent ce panel de mentors, apportant chacune et chacun une approche imaginative, innovante et décomplexée de la scène et à l’opéra en général.

RÉSIDENCES EMBLÉMATIQUES, RÉSIDENCES NOUVELLES

L’un des actes nouveaux de l’Académie est le soutien à la création par le biais de la recherche et du développement. En ce sens, la Résidence d’Expérimentation répond à la nécessité pour le secteur de soutenir l’expérimentation autour de projets scéniques et musicaux innovants, et valorise ce temps de travail par la rémunération des artistes. Trois projets en bénéficient : Gay Guerilla de Gerard & Kelly, Capot de TD Moyo et Don Quichotte Bauchgefühl de Julie Hega. Les équipes artistiques de chacun de ces projets réunissent créatrices, créateurs et interprètes, et bénéficient d’espace, de temps, de conseils ainsi que de soutien en production, en technique et en diffusion. Ces trois projets qui n’ont pas obligatoirement vocation à être produits par le Festival dans les prochaines éditions, seront présentés aux directeurs et directrices de programmation participant aux rencontres « Opera Makers » qui se tiennent dans les cadre des Journées professionnelles du Festival. La Résidence d’Immersion, projet développé au sein du réseau enoa (european network of opera academies) s’inscrit dans le sillage de la Résidence d’Expérimentation, permettant à des artistes pluridisciplinaires de se familiariser avec le monde de l’opéra.

ENGAGEMENT PARITAIRE

Cette édition marque aussi le rôle actif et militant que tient l’Académie dans la recherche de parité entre femmes et hommes dans le monde de l’opéra avec l’Atelier des Créatrices d’Opéra, devenu l’un de ses étendards au même titre que les résidences de Chant et de Musique de chambre, et le Mentorat de Cheffes d’orchestre qui offre un cadre rare d’aide au développement de carrière de direction musicale à l’opéra. Tandis que les résidences d’interprétations offrent des moments de rencontres avec le public lors des concerts et des master classes publiques, les deux cheffes participant au Mentorat s’exposent lors d’un concert de prestige avec l’Orchestre Balthasar Neumann le 10 juillet, au cœur du Festival. Les 19 metteuses en scène, compositrices, autrices, chorégraphes et artistes pluridisciplinaires de l’Atelier des Créatrices bénéficient, elles, d’opportunités de rencontres professionnelles exceptionnelles lors des rencontres « Opera Makers ».

LE RAYONNEMENT DE L’ACADÉMIE

Les actions menées par l’Académie pour accompagner le développement des artistes et soutenir la création et la diversité à l’opéra reçoivent le soutien de partenaires institutionnels au niveau national comme l’ADAMI, la SACD et la SACEM, et européen via le réseau enoa soutenu par le programme d’Europe Creative. Le rayonnement de ses activités l’invite à initier de nouvelles collaborations, comme avec le Centre Pompidou à Paris ou la Fondation Camargo à Cassis qui accueillent cet été des étapes de développement de projets de la Résidence d’Expérimentation. Certains de ses programmes sont aussi cités en exemple pour le caractère innovant (lire les Actes de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme publié en octobre 2022, page 93).

L’ACADÉMIE DANS LA PROGRAMMATION DU FESTIVAL

Historiquement, les programmes imaginés par l’Académie répondent aussi à la dynamique d’évolution de la programmation du Festival. 14 chanteurs, chanteuses, compositeur et metteurs en scène, anciens artistes de l’Académie, contribuent à cette édition du Festival. Ils sont exposés entre autres dans L’opéra de quat’sous de Kurt Weill et The Faggots and Their Friends Between Revolutions de Philip Venables et Ted Huffman, deux productions qui montrent que l’opéra est un genre de toutes esthétiques, et qui ouvrent des voies d’imagination pour la génération d’artistes que l’Académie soutient.