IMPRESSIONS DE RÉPÉTITIONS : LES NOCES DE FIGARO

Au festival
vendredi18juin 2021

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Théâtre de l’Archevêché, jeudi 10 juin 2021, 22h00 — Alors que le soleil vient de se coucher derrière la silhouette imposante de la montagne Sainte-Victoire, les répétitions des Noces de Figaro de Mozart reprennent pour un second service nocturne dans la cour du Palais de l’ancien Archevêché. Assister à une répétition dans ce théâtre à ciel ouvert provoque toujours une émotion intense : la magie de ce lieu, tant de fois célébrée, semble opérer à chaque fois.
Au milieu des gradins du parterre, des tables de régie ont été installées pour accueillir l’équipe de mise en scène et les techniciens en charge des effets lumières. À « jardin »  – c’est ainsi que l’on désigne en France le côté gauche d’un théâtre, vu depuis la salle – les jeunes artistes du Chœur du Conservatoire de Marseille attendent patiemment d’être appelés en coulisse puis sur scène. En fosse, l’assistant du chef discute avec le pianiste-chef de chant qui assure grâce à son piano-forte la partie musicale des répétitions depuis le 14 mai – les musiciens du Balthasar Neumann Ensemble n’arriveront en Provence que le 17 juin pour la dernière phase de travail avant les représentations. Sur scène, Lotte de Beer est au milieu des chanteurs et des figurants. Avec toute l’énergie et la bonne humeur qui la caractérisent, la jeune metteuse en scène néerlandaise bondit d’un coin à l’autre du plateau pour régler avec les interprètes quelques détails avant le « filage » de l’acte III : sauf imprévu, les scènes vont s’enchaîner, la répétition ne sera pas arrêtée et les corrections feront l’objet d’une séance de notes à la fin du service, le but étant de vérifier les enchaînements et de se rapprocher un peu plus des conditions réelles des représentations.

Théâtre de l’Archevêché, jeudi 10 juin 2021, 22h30 — Lotte de Beer a quitté la scène et s’installe maintenant au milieu du parterre avec son assistant qui la suit comme son ombre. Les interprètes prennent place sur un plateau presque nu, occupé simplement par un grand lit emprisonné dans une cage en verre. Certains ont revêtu un costume de répétition : Gyula Orendt (le Comte Almaviva) un costume gris, Julie Fuchs (Suzanne) un tablier blanc et Jacquelyn Wagner (la Comtesse Almaviva) une longue robe. Les vrais costumes sont encore en train d’être retouchés et ajustés dans les ateliers du Festival à Venelles : ils devront être prêts pour la « générale piano » prévue la semaine suivante.
Le silence se fait en salle tandis que se font entendre les premiers accords du récitatif du Comte qui ouvre l’acte III. Dans la mise en scène conçue par Lotte de Beer, cette troisième partie du spectacle doit dévoiler aux spectateurs le point de vue de la Comtesse sur les tentatives d’adultère dont son mari se rend coupable devant ses yeux. C’est également l’acte du double mariage Figaro-Suzanne et Bartholo-Marceline, l’un des points d’orgue de l’intrigue, célébré ici par l’arrivée sur scène de plusieurs éléments mobiles arborant des mots faits de néons fluorescents, dont l’agencement forme la phrase-clé de cet acte.  

Théâtre de l’Archevêché, jeudi 10 juin 2021, 23h20 — Le filage prend fin sur la reprise de « Amanti costanti » (« Amants sincères ») par le chœur. Les lumières de service se rallument dans la cour de l’Archevêché. Lotte de Beer retrouve près de la porte de service ses interprètes pour des corrections à chaud. Petit à petit, la salle se vide, au fur et à mesure que les chanteurs et les figurants rentrent chez eux. Mais les répétitions ne sont pas pour autant terminées pour la soirée : un nouveau service consacré aux lumières va bientôt commencer et se poursuivre très tard, grâce à la patience infinie des techniciens et des doublures lumières. Pour cette nuit encore, le théâtre leur appartient. D’ici trois semaines, plus d’un millier de spectateurs retrouveront ces gradins laissés vides depuis deux ans. Et l’Archevêché se remplira à nouveau de cette ambiance si particulière propre aux soirs de première…

Louis Geisler